Si vous êtes introverti.e, vous devez régulièrement subir des réflexions en rapport avec votre nature. La plupart du temps, elle sont infondées et témoignent d’un manque de connaissances. Mettons en lumière 10 clichés sur les introverti.e.s avant d’expliquer pourquoi on ne devrait plus jamais les entendre.
Les clichés ont la vie dure, surtout lorsque vous êtes différent.e de ce que la société attend de vous.
Oui, il est vrai que vous ne parlez pas souvent, beaucoup et fort. Non, vous ne souriez pas dès que vous sortez du lit et non, toujours non, vous ne sortez pas systématiquement pour vous entourer d’une myriade de personnes que vous connaissez plus ou moins. Bref, ça suffit. Il faut remédier à tout ça, et nous rendre enfin justice.
Ces clichés qu’on fuit en forçant sa nature
Lorsque votre nature est exactement l’inverse de tous ces points que je viens d’énoncer ci-dessus, le quotidien peut être difficile. Je le sais mieux que personne, puisque mon introversion a souvent été un frein, sinon une défaillance de mon esprit pour grand nombre des personnes qui ont croisé mon chemin à un moment ou à un autre.
Après avoir eu longtemps honte de la façon dont je fonctionnais, après avoir maintes et maintes fois tenté de voir un.e psy et essayé de cacher mes différences derrière un masque, j’ai pris la décision d’accepter cette partie de moi et cette énergie intérieure enrichissante.
Mais à l’époque, quand j’entendais ces clichés (parmi tant d’autres) me tomber dessus comme des couperets, intérieurement, je hurlais avant de blacklister celles et ceux qui en étaient les auteur.ices. Personne ne l’a jamais su. Enfin pas tout le monde.
Si vous êtes également d’une nature introvertie, peut-être avez-vous déjà entendu ces accusations, et vous non plus, vous ne vous sentiez pas concerné.e par celles-ci. Car si les gens vous connaissaient vraiment, ils se confondraient en excuses.
1. Vous êtes quand même « très timide » et “un peu trop effacé.e”
Vous aussi, vous collectionniez ces commentaires-là sur vos bulletins scolaires ? Vous étiez un peu trop dans la lune pour cette société où l’action est au coeur des préoccupations ? Bienvenue au club.
La timidité est un adjectif – perçu comme très péjoratif – qui a toujours eu un poids très lourd sur ma culpabilité. C’est un peu comme si on voulait enfoncer le clou pour m’humilier, alors que je ne me reconnaissais en rien dans ce terme, qui veut tout et rien dire. On a tendance à qualifier une personne d’introvertie de timide à tort et inversement. Ce n’est pas aussi évident que ça.
La timidité est un sentiment d’insécurité et de peur à l’égard de certaines interactions ou situations sociales, qui peut évoluer ou non dans le temps, revenir comme disparaître. Tout comme l’introversion, la timidité n’est pas à diaboliser. Il faudrait essayer de la comprendre et de l’appréhender avec bienveillance, mais ça c’est un autre sujet que j’aborderai plus tard.
L’introversion, en revanche, relève d’une question d’énergie puisée principalement dans son monde intérieur. Elle se caractérise par un besoin de solitude pour recharger ses batteries. Il s’agit d’un tempérament naturel. On peut très bien être introverti.e tout en étant plutôt à l’aise dans les interactions humaines. L’inverse est tout autant possible. Tout le monde est différent et ça, certain.e.s ont du mal à l’intégrer.
2. Vous êtes une personne qui existe, travaille et préfère évoluer dans l’ombre
Encore une fois, c’est faux. Tout dépend de notre façon de percevoir l’acte de briller au sein de notre société. Une personne introvertie n’a pas besoin de se conformer à un standard et à « faire des efforts » (lesquels, sérieusement ?) pour briller.
Oui, puisque je vous le dis ! Une personne introvertie peut évoluer et briller dans n’importe quel domaine, et exercer le métier qui la passionne. Elle l’appréhendera juste différemment, de sa propre perspective.
On peut briller de tant de façons… Et pas nécessairement en prenant la parole ! En d’autres termes, exister n’implique pas automatiquement de faire 27 conférences TEDx par mois et noyer les autres avec de longs monologues. Vous pouvez briller en créant, en aidant les autres, en réfléchissant, en transmettant des messages. Vous pouvez être qui vous rêvez d’être, n’en doutez jamais.
Dans son livre La Force des discrets, Susan Cain prend l’exemple de Rosa Parks. En 1955, pour rentrer du travail, l’Américaine s’assoit au premier rang de la section réservée aux gens de couleur d’un bus lorsque le chauffeur lui demande de céder sa place à une personne blanche. Un simple “non” sorti de sa bouche aura suffi à déclencher l’une des manifestations pour les droits civiques les plus importantes du 20e siècle. Un simple “non” aura suffi à cette femme solitaire et courageuse pour rentrer dans l’Histoire.
Tout le monde n’est pas tenu.e d’être orateur.ice ou de présider des réunions. Je vous laisse lire cette citation très juste de Susan Cain, tiré de son livre La Force des Discrets :
3. Vous n’aimez pas du tout parler
Ce n’est pas parce que vous ne prenez pas la parole au sein d’un groupe qui parle fort et qui se coupe mutuellement la parole que vous n’aimez pas raconter des histoires, vous aussi. Ce n’est pas à partir de cette atmosphère particulière que l’on doit en déduire que vous êtes une personne vide et ennuyeuse. Si les autres savaient qui vous êtes vraiment, la surprise serait de taille.
Nous avons besoin d’un cadre particulier pour ressentir le besoin de nous exprimer. S’il y a trop de bruit, trop de monde, trop de brouhaha, il est peu engageant pour nous de nous ouvrir.
Mais si l’atmosphère est plus calme, que les personnes autour de nous s’intéressent à qui nous sommes, ou qu’un sujet de conversation attire notre attention, loin des small talks, nous pouvons parler pendant des heures !
Prenez le temps d’apprendre à nous connaître, vous aurez l’occasion de découvrir ces milliards de pensées, d’émotions, d’informations qui se bousculent dans notre esprit curieux et réfléchi.
4. Vous êtes ennuyeux.se
Vous jugez un livre à partir de sa couverture ? Alors cela signifie que vous collez une étiquette sur un individu à partir de ce qu’il ou elle vous montre sur 15 petites minutes de sa vie. Bien joué.
Ne vous êtes-vous jamais demandé.e si la personne en face de vous n’était pas tout simplement introvertie et qu’elle avait peut-être beaucoup à offrir, mais dans une ambiance un peu plus calme ? On n’est pas tou.te.s à l’aise à côté d’un groupe de personnalités très expressives, même si on apprécie leur présence.
En tant qu’introvertie, très honnêtement, si vous saviez combien d’extraverti.e.s j’ai pu croiser dans ma vie qui me semblaient ennuyeuses à l’instant T, de celles et ceux qui ne peuvent s’arrêter de parler d’elles, d’eux… Je n’aurais pas hésité à leur redonner une autre chance, pourtant.
5. Vous êtes une personne très triste et vous devriez « songer à consulter ».
TOUT LE MONDE devrait pouvoir consulter un.e psy, sans exception. Car nous avons tou.te.s des noeuds intérieurs qui nous empêchent parfois de nous sentir bien. Je vous encourage à le faire, si vous vous sentez prêt.e, c’est toujours bénéfique !
Et l’introversion, bien acceptée, est une vraie bénédiction. La solitude est un bonheur, le calme un cadeau. Les expériences intérieures que je vis au quotidien en tant qu’introvertie sont exceptionnelles, si vous saviez.
Faire une corrélation entre introversion et tristesse est donc une erreur. Une personne extravertie peut être aussi triste à l’intérieur… Elle parviendra peut-être à mieux cacher son mal-être.
Gardez à l’esprit ceci : les introverti.e.s qui acceptent pleinement leur nature peuvent être très heureux.se.s et épanoui.e.s lorsqu’iels évoluent dans un univers calme, serein, tout autant que des extraverti.e.s entouré.e.s de monde. Il suffit de changer de perspective.
6. Vous passez à côté de plein d’opportunités dans la vie.
En ce qui me concerne, je n’ai jamais été quelqu’un de très porté sur l’action, dans le sens propre du terme. Je m’explique. Lorsque des personnes de mon entourage me demandaient encore il n’y a pas si longtemps de ‘provoquer davantage mon destin’ de ‘contacter untel’ parce que ce serait ‘pas mal pour développer mon projet’… je changeais de sujet. Ça me gênait un peu. Et puis venait la culpabilité. Pourquoi je ne le faisais pas ?
Mais je n’y arrive pas. Je déteste paraître intéressée, je trouve que ça sonne faux, alors je passe mon tour. Et la culpabilité me rattrape, encore et encore…
Suite à ces remarques, j’ai longtemps cru que cette manière d’agir (de manière intéressée, disons les choses telles qu’elles sont) était la seule façon d’avancer dans ma vie. C’est ce que le monde s’efforce de nous faire croire… Réseautez, demandez, souriez, soyez présent.e à des évènements pour être vu.e…
Forcer les choses, ce n’est pas pour moi, ce n’est pas moi. En fait, je crois simplement que mes rêves et les expériences créatives que je vis au quotidien m’aident à eux seuls à donner vie à mes projets et à créer des choses à mon tour.
Vous aussi ? Ne vous en voulez plus. Vous avez le droit de fonctionner autrement. Le reste, ce qui implique de présenter vos projets à d’autres personnes, tout cela peut se faire naturellement, en échangeant vraiment. Vous pouvez vous aussi saisir des opportunités à votre manière, car vous avez le désir, la passion, et que vous avez travaillé pour.
Je ne me plains pas de la tournure que prend ma vie, vous voyez, parce que je n’ai pas le sentiment d’avoir moins d’opportunités, au contraire.
7. Vous n’aimez pas les gens
Oui, d’ailleurs on sort souvent avec un masque et un tube d’oxygène pour ne pas respirer le même air que les autres.
Plus sérieusement, SI, nous aimons les gens. Infiniment, même. Mais nous ne les aimons pas de la même manière que les extraverti.e.s. Nous les aimons lorsque nous parlons sincèrement, longuement avec les autres, lorsque nous avons la possibilité d’apprendre à les connaître dans leur entièreté, en dehors des sentiers battus, du bruit et des faux-semblants. Nous les aimons lorsque nous sentons qu’une connexion est en train de se créer entre nous et l’autre.
Encore une fois, c’est une question de point de vue, le brouhaha peut être stimulant pour certain.e.s, mais ce n’est pas notre façon de fonctionner à nous.
8. Vous ne savez pas vous amuser
Une fois de plus, tout dépend de la manière dont vous voyez les choses. Il y a des personnes qui aiment le jazz et d’autres qui préfèrent la musique classique (et certaines personnes les deux, coucou les ambiverti.e.s).
Les introverti.e.s aiment profondément la solitude, le calme, la chaleur d’un lit et percer les secrets d’un livre plutôt que sortir en boite ou aller réseauter à une conférence.
Toute activité est légitime, la vôtre ou celle des autres. Chacun.e son truc : quelles que soient vos inclinaisons naturelles, sachez que tout le monde s’amuse, tout le monde y prend du plaisir et c’est ça l’important.
9. Vous restez la plupart du temps cloîtré.e chez vous
Oui d’ailleurs, pour la plupart d’entre nous, on a même construit des bunkers dans des caves pour s’y terrer jusqu’en 2060.
On oublie trop vite l’importance que peut avoir notre chez nous et l’incidence qu’il a sur notre bien-être mental. Notre maison, notre appartement, c’est là où l’on peut se ressourcer, se souvenir, se retrouver soi-même, créer, s’affirmer, se protéger. C’est notre fameuse coquille que nous chérissons tant.
J’ai conscience que tout le monde n’a pas la chance d’avoir un logement digne de ce nom, et c’est très grave. Alors, lorsqu’on a cette chance, on la chérit.
D’ailleurs, si la thématique de l’espace domestique vous intéresse, l’autrice Mona Chollet en parle mieux que moi dans son livre dédié, Chez Soi,qui est passionnant.
Mais aimer rêvasser chez nous ne nous empêche pas d’aimer sortir de temps en temps pour contempler toute la beauté du monde, boire un café ou deux, aller au musée, à un concert, faire une randonnée et partir à la rencontre de la nature, voyager autant que possible (quand on ne vit pas un contexte de pandémie mondiale).
Oui, j’aime traîner chez moi, d’ailleurs, c’est là que se trouve mon bureau pour travailler, et ça ne m’empêche pas de sortir boire un café, aller au musée, à un concert, et de voyager autant que possible.
10. Vous êtes plus intelligent.e que la moyenne
Encore une idée reçue : parce qu’iels sont plus réfléchi.e.s, plus cérébraux, sensibles, solitaires et parfois en marge du reste du monde, on a tendance à faire le lien entre les introverti.e.s et la surefficience mentale.
Ce cliché a aussi la vie dure parce qu’on rattache la plupart du temps l’introversion à de nombreuses personnalités célèbres telles qu’Albert Einstein, Charles Darwin, Bill Gates ou encore Elon Musk.
Si ça peut être parfois possible, sachez que ce n’est en aucun cas systématique. Beaucoup d’extraverti.e.s sont tout aussi créatif.ve.s, sensibles, et peuvent potentiellement être des zèbres.