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15 raisons pour lesquelles je ne parle pas ce soir : dans la peau d’une introvertie en soirée

Est-ce que j’ai perdu ma langue ? Est-ce que je suis énervée ? Est-ce que je suis un être ennuyeux, sans âme et sans charme ? Je vous dis tout ce qui me passe par la tête quand vous me voyez au loin seule, le regard perdu dans le vague. Il n’est pas question de coquille vide, promis, j’ai d’autres explications à vous fournir.

Ce soir, je fais la gueule, c’est ce que les autres vous diront. Je semble renfermée, peu encline à ouvrir ma bouche. C’est vrai, ça doit refroidir quand on regarde de loin, mea culpa c’est ma faute. On me rabâche que si je ne fais pas d’efforts, personne n’en fera pour moi, c’est sûr. Alors sans surprise, les rares fois où je me décide de prendre la parole, ça surprend : je n’ai pas eu l’air très intéressée par le fil de la conversation. Tiens c’est drôle, elle parle, pensez-vous. 

Vous êtes peut-être vous aussi dans mon cas, et si vous rejoignez ma team, que dis-je mon gang, vous devez souvent vous sentir incompris.e. Peut-être avez-vous comme moi fini par fuir ces atmosphères étouffantes qui vous font suffoquer dans tous les sens du terme, de la chaleur humaine à la fumée des cigarettes en passant par les cris et les exclamations des autres humain.e.s.

Et si vous êtes dans l’autre camp, vous devez sans doute beaucoup vous interroger. Vous souhaitez savoir ce qui se cache derrière ce voile teinté de mystère et de froideur. C’est légitime, je ne vous en veux pas de chercher des réponses. Parfois, vous nous interrogez avec maladresse. Alors je vais tenter de répondre à vos interrogations pour que vous sachiez enfin tout et qu’un jour, entre deux verres, vous ayez le réflexe de venir me saluer et plus encore.

1. Ma batterie sociale est à 0%, je suis fatiguée.

J’étais tranquillement en train de prendre part à la conversation quand soudain, ma batterie sociale me lâche d’un seul coup, en plein milieu de la soirée. Je n’ai qu’une seule envie, c’est de me réfugier aux toilettes et attendre que ça passe, d’être seule et de pouvoir profiter d’un instant en silence assise sur les toilettes, le téléphone sur les genoux. Rien de personnel, j’aime les gens qui m’entourent mais c’est un fait : j’en ai assez, je suis crevée et ça se ressent physiquement.

Comment ça s’explique ? 

Aucune idée. Ça vient de façon aléatoire, quand je m’y attends le moins. Je ris et puis d’un seul coup, je me réfugie dans mon esprit. Je voudrais être ailleurs, près d’un lac, au fond de mon lit, devant les tours Petronas à Kuala Lumpur, assise sur une soucoupe volante, tout en haut du Golden Gate. Bref, ailleurs qu’ici. 

Comment y remédier ? 

Hé bien, vous ne pouvez pas. Quand j’en ai marre, j’en ai marre. Ne dites rien si je m’éclipse, il se peut que je reprenne mes esprits aux toilettes, qui sait. Mais il y a de fortes chances que je parte assez vite, pour être parfaitement honnête avec vous. Et ne me dites pas que je suis “trop jeune pour agir comme ça” parce que c’est plus marrant au bout de la 7e fois et tout le monde a sa propre conception du bonheur, de toute façon.

2. Je ne suis pas à l’aise avec l’environnement.

Souvent, ce sont aussi les lieux qui peuvent me gêner. Je peux avoir beaucoup de mal à supporter les cris ou la musique qui est trop forte (et qui parasite une potentielle conversation). C’est parfois aussi les lumières ou les odeurs comme le tabac qui peuvent être très présents, et dans ces moments, j’ai l’impression d’étouffer. Mais le pire pour moi, c’est les endroits branchés victimes de leur succès qui sont blindés de monde (avec des mojitos à 17 euros qui n’ont strictement rien d’extraordinaire, mais ça, c’est un autre débat). Là je manque d’air et je peux très vite me sentir mal : il y a trop d’informations à analyser.

Comment ça s’explique ?

Je suis hypersensible, du coup chaque élément peut avoir une résonance très forte en moi. Et puis… tout simplement, je suis introvertie. J’aime discuter en petit comité et échanger tout en profondeur. Comment vous voulez avoir une discussion intéressante dans le bruit et le vacarme ?

Comment y remédier ? 

On peut aussi aller dans un bar moins fréquenté et moins conseillé par Seigneur Instagram, un lieu qui nous permettrait de discuter et de rire sans se prendre au sérieux car par-dessus tout, je déteste me prendre au sérieux, surtout si c’est pour plaire à des personnes que je ne reverrai sans doute jamais, quelle perte de temps.

3. Des pensées se bousculent dans ma tête.

Vous ne le voyez pas de là où vous êtes, mais ici, sur cette chaise, je ne tiens pas en place. Mon esprit bouillonne. Je suis silencieuse car je réfléchis. Intensément. Je pense au confort de mon lit, à ce livre passionnant qui m’attend, au nouveau jeu vidéo que j’ai acheté et que j’ai hâte de commencer, à une idée de morceau que j’aimerais bien créer sur Ableton, à la vaisselle empilée dans ce lavabo, à ce texte que j’aimerais écrire, à cette excellente idée d’article à développer, au temps qu’il fait à Brisbane – la météo ne m’intéresse jamais vraiment, sauf si la ville est à l’autre bout du globe, à mon avenir proche et lointain, à l’heure du dernier métro. Vous voyez, je suis déjà très occupée finalement.

Comment ça s’explique ?

Mes pensées sont un flot constant qui ne s’arrête jamais. À un tel point que je peux parfois perdre pied dans la réalité.

Comment y remédier ?

Soit vous décidez de me laisser, soit vous essayez de me faire revenir sur terre. Demandez-moi à quoi je pense. Et pourquoi. J’aurai peut-être envie de vous répondre, qui sait. Sûrement, d’ailleurs. Essayez.

4. On vient de me forcer à venir. J’ai dit oui pour faire plaisir.

Le scénario est le suivant : vous m’avez proposé une soirée, j’ai dit oui sur le coup, puis je l’ai regretté. À quelques jours de l’échéance, j’ai tenté de me défiler, vous l’avez vu venir et du coup, vous avez mis toute votre énergie pour me forcer la main. Je suis donc juste là pour vous faire plaisir et du coup, je ne vais pas faire d’efforts pour engager une quelconque conversation.

Comment ça s’explique ?

Vous m’avez littéralement forcé la main pour venir ici. Je n’allais pas sauter de joie non plus. Si vous me connaissez, vous le saviez bien que je n’allais pas tenir très longtemps attablée ici.

Comment y remédier ? 

Avec une seule phrase : “C’est pas grave si tu n’as pas envie de venir, je comprends que ce genre d’événement t’ennuie, passe une bonne soirée !” Des ami.e.s extraverti.e.s, vous pouvez en trouver autant que vous le voulez autour de vous pour sortir. Ce n’est pas ça qui manque. Et je ne suis pas une amie qui prône l’exclusivité, vous faites ce que vous voulez.

5. Je ne connais personne et l’ami.e qui est à l’origine de l’invitation reste avec un autre groupe… genre toute la soirée, sans me proposer de m’intégrer.

Le pire scénario qui soit pour une personne introvertie : être invitée à une grosse soirée où elle ne connaît que l’hôte.sse… qui l’ignore complètement au final ! “Ben tu sais, Benoît et moi, on s’est pas vus depuis longtemps, normal que je reste un peu avec, rien de personnel, tu vas pas me suivre partout non plus”. Yes. Ça fait plaisir. Mais du coup, je sers à quoi ici, avec ma bière même pas fraîche sur ce canapé en train de manger des petites carottes baignées dans du houmous ?

Comment ça s’explique ?

En tant qu’introvertie, je n’arrive pas à me greffer naturellement à des groupes déjà existants parce que ce n’est pas ma nature et j’ai sans cesse l’impression de déranger, de perturber la conversation en cours ou pire encore, de passer pour la weirdo de service. Et puis franchement, ça me gonfle de devoir sans cesse tenter de décrypter les private jokes parce que personne ne me présente ou ne se présente pour que je saisisse un minimum de quoi il est question ici. C’est tellement épuisant

S’intégrer, c’est tout un art. D’autres y arrivent sans problème, dans mon cas, c’est au-dessus de mes forces. Soit je reste seule à boire mon verre de vin dans mon coin, soit je me greffe à mon/ma (seul.e) pote, que faire d’autre, aller aux toilettes ? Déjà fait. Du coup, l’ultime solution est de m’éclipser en catimini pour prendre le dernier métro, ma spécialité.

J’ai tout de même une question pour celleux qui invitent : pourquoi vous forcez votre ami.e introverti.e à venir quand vous savez qu’iel n’est pas à l’aise avec du monde et qu’iel ne va pas vous lâcher ? Ça n’a pas de sens. Abstenez-vous d’inviter dans ce cas, on peut aller boire un café une autre fois !

Comment y remédier ? 

Tant que je suis encore là, intégrez-moi, non ? Ça vous coûte quoi de faire les présentations ? Rien du tout. Ne gardez pas tout pour vous, partagez vos relations, ça peut être enrichissant et je ne suis pas fermée aux nouvelles rencontres, au contraire ! Nous sommes adultes, c’est fini le collège.

6. On vient de me couper la parole et de m’ignorer pour la 17e fois.

J’adore discuter avec les autres. Vraiment. C’est toujours édifiant de pouvoir raconter un peu de mon vécu puis d’écouter celui des personnes qui m’accompagnent. 

Mais il y a toujours quelqu’un qui vient saboter ma tentative frileuse de sociabilisation. C’est soit le mec trop bavard qui va essayer de finir toutes mes phrases, soit le type bourré qui va m’expliquer la vie (si vous êtes une femme, vous devez savoir de quoi je parle). Ou alors c’est la personne qui veut à tout prix être le centre de l’attention depuis le début de la soirée qui vient mettre son grain de sel (il y en a toujours une dans le lot, on n’y échappe pas).

Je me souviens d’un soir où c’était devenu intenable pour moi. Je me suis énervée, puis sur les nerfs, je me suis enfin levée pour prendre le dernier métro. Sous l’effet de l’alcool, je n’ai pas les détails exacts, mais j’ai dû bredouiller vaguement un “bonne soirée”. Ce soir-là, je me suis retrouvée seule à la station Bercy en train de pleurer sans pouvoir m’arrêter. Personne n’en a jamais rien su à part mon copain qui a bien vu mon visage rouge et humide en rentrant. J’étais au fond du trou, en train de me demander pourquoi j’étais aussi irritée et excessive dans mes réactions, et puis surtout, j’ai eu honte. J’ai eu honte de ne pas avoir réussi à me faire entendre comme je le souhaitais, il me semblait que c’était un échec cuisant sur le moment.

Comment ça s’explique ?

On vit dans une société où personne ne s’écoute, où chacun garde précieusement son petit vase intérieur de choses à dire, prêtes à être déversées jusqu’à écoeurement sans jamais prendre le temps de se taire et d’écouter aussi quelquefois. Et moi, ça me met dans un état, parfois…

Comment y remédier ? 

Écoutez les autres, surtout quand ces autres ont des choses importantes à dire. Ça se lit sur leur visage, ouvrez l’oeil et votre instinct, vous pouvez le faire parce que tout le monde peut le faire.

7. J’observe… et je vois tout, y compris ce que vous essayez de cacher.

Avant de m’engager dans quoi que ce soit, j’observe en silence le groupe dans lequel je suis et je scanne chaque personne qui m’entoure. C’est ma façon à moi de prendre la température, mais aussi de me protéger.

J’ai un sens de l’observation assez développé : je perçois les intentions, les tentatives, les rapprochements, le langage non-verbal, les sous-entendus, les lapsus, les jeux de regards et je sais décoder avec quasi-certitude l’attirance ou à l’inverse l’animosité entre deux personnes ou plus.

Je vois aussi tout ce que vous voulez cacher à tout prix. Spoiler : vous n’êtes globalement pas doué.e.s pour ça, mais je ne vous blâme pas parce que moi non plus je ne sais pas cacher mes émotions, étant un être très sensible.

Aussi, je vois très bien lorsqu’une personne porte un masque et essaie de se donner une certaine contenance pour se faire remarquer. La plupart du temps, les autres n’y voient que du feu. C’est frustrant, l’évidence est si frappante, pourtant. 

Comment ça s’explique ?

J’accorde beaucoup d’importance à l’authenticité dans une relation, et ça passe principalement par l’aptitude d’une personne à être elle-même. Si je constate que je parle à un masque, je me ferme comme une coquille et je deviens une tour imprenable.

Comment y remédier ? 

Soyez vous-mêmes. N’en faites pas des tonnes, ça ne m’impressionnera jamais, à AUCUN MOMENT. Ne vous donnez donc pas ce mal…

8. Quelqu’un passe la soirée à observer frénétiquement les gens pour savoir qui serait utile dans son carnet d’adresses.

Ça rejoint le point précédent : sans cesse à la recherche de relations et de rapports sincères, je me surprends à voir que certaines personnes sont là uniquement pour tisser des liens de surface, qui ont pour but de remplir leurs carnets de contacts pour saisir la plupart du temps des opportunités pros. Avis à celleux qui bossent à Paris… vous en croisez (ou en croiserez) beaucoup.

On le sent tout de suite, quand la personne en face est intéressée. Je déteste ça par-dessus tout et non, ça ne me donne pas du tout envie de parler ou de m’ouvrir à elles parce que je suis bien plus qu’une opportunité. Ça me fait penser à ces soirées sur invitation réservées à des gens qui ont un certain nombre de followers sur Instagram. Quelle vie. 

Comment ça s’explique ? 

On veut du concret, pas des relations superficielles, c’est notre manière de fonctionner et il faut faire avec : vous ne pouvez pas avoir tout le monde dans votre poche, et je fais partie de ces exceptions.

Comment y remédier ? 

Si vous avez besoin de certains renseignements et que vous voulez un contact, dites-le directement, n’y allez pas par quatre chemins en souriant et en chantant des louanges à destination de vos interlocuteur.ice.s. C’est trop visible, vous croyez vraiment que les gens sont dupes ?

9. Quelqu’un fait 3 paragraphes sur une anecdote peu intéressante qui aurait pu tenir en 10 mots.

Bon là pour le coup, c’est pas intentionnel de leur part, je me doute bien. Il y a des gens qui font des monologues dignes d’un extrait d’Ulysse de Joyce pour une fun fact qui aurait pu tenir en une phrase. Vous allez sûrement me répondre que je suis mal placée sur ce point-là avec mes articles de 3 mètres et vous auriez raison. Le truc, c’est que vous pouvez dans le cas présent vous arrêter de lire et passer à autre chose. Je ne vous impose rien. 

Mais dans l’instant, quand une personne ultra-bavarde me prend pour cible et enchaîne les phrases alambiquées pour me parler de son super coiffeur qui est en fait le voisin de la boulangère de son beau-frère, mon cerveau se déconnecte. Direct. Et je fais tout pour le camoufler, mais j’ai l’impression que ça sonne un peu faux. Pas grave, elle ne s’en rend jamais compte, de toute manière. Inutile de vous dire que je n’ai jamais terminé Ulysse de Joyce. Autant commencer À la recherche du temps perdu.

Comment ça s’explique ?

En raison de mon introversion, je déteste le small talk et perds facilement de l’énergie à cause de ça. Dès que ce n’est pas quelque chose d’édifiant, de profond, de sincère, de drôle ou de clair, je disparais des radars sociaux.

Comment y remédier ? 

Observez-moi : si je hoche la tête avec un sourire forcé, que je ponctue le tout de quelques “ah oui ah oui, trop bien super” et que je regarde dans toutes les directions les yeux dans le vague, ou pire encore, mon téléphone, c’est mauvais signe. 

10. Quelqu’un me fait des réflexions désobligeantes ou des « blagues” qui ont clairement pour but de me toucher (ne dites pas le contraire).

Dans ma top list, il y a le fameux “oh ben je te pensais pas si sympa, tu es si froide” qu’on ne présente plus. Je me souviens de la fois où un nouveau collègue m’avait carrément dit que j’avais l’air d’être “un peu dark”. C’était la première fois qu’on se parlait… Ce n’était pas l’ouverture d’esprit qui le caractérisait, si vous voulez savoir, et j’aurais dû lui répondre qu’il pourrait quand même changer de t-shirt de temps en temps, surtout qu’on est en décembre et qu’il pourrait choper une sacrée bronchite, mais bon ces réponses-là ne nous viennent jamais à l’esprit au bon moment, que voulez-vous. 

Et puis il y a aussi ces petites piques passives agressives totalement gratuites qu’il faudrait encaisser sans broncher. “Tu devrais faire des efforts”, “ben ouais toi tu sors jamais”, “souris un peu plus”, “ha c’est trop drôle, t’as bafouillé !”, “oh regardez, elle parle !”.

Quand on ne dit rien, on est chiant.e.s. Quand on dit quelque chose, on est susceptibles. Quand on parle avec passion, on est forcément agressif.ve. Vous voyez le truc, ça ne va jamais.

Comment ça s’explique ?

Je prends tout très à coeur, c’est vrai. Chaque phrase est analysée dans mon esprit et oui, la plupart du temps, ça me touche. Je ne peux rien faire contre mes émotions, elles sont là, c’est tout, je ne vais pas les taire non plus. Avant, j’essayais de développer un argumentaire pour prouver par A + B que ces remarques n’ont aucun intérêt, qu’elles m’ont blessées, que le rapport est nul, et puis je mesurais après coup toute l’énergie que ça me prenait. Aujourd’hui, j’opte pour la solution facile : je ne rebondis pas sur la remarque… Ou je ne parle pas ce soir.

Comment y remédier ? 

Ce n’est pas parce que la personne en face de vous est plus réservée que vous avez tous les droits pour lui mettre sur la tronche comme si c’était un punching ball. Elle a des sentiments, elle peut aussi s’énerver. Méfiez-vous, elle n’est pas sans ressources… Et ne justifiez pas votre remarque en sortant la carte de la “franchise”. C’est de la méchanceté gratuite déguisée. 

Si jamais, en cas de doute, appliquez la règle des 30 secondes : si la personne en face de vous ne peut pas changer ce que vous lui reprochez en 30 secondes, ne lui dites rien du tout, ça vaut mieux. Autant parler de météo, au bout d’un moment.

Exemple : « t’as un bout de persil entre les dents » : ok. (discrètement quand même hein, surtout si le crush de ladite personne n’est pas loin)

« Tu es trop timide/réservé.e/ceci/cela/insérer un énième bullshit » : stop it now.

11. Je ne suis pas stimulée, je m’ennuie.

La soirée s’éternise, les groupes se forment, tout le monde parle de son sujet favori : soi-même. D’un côté, on décortique la météo et les dernières infos, de l’autre on s’essaie au sujet épineux qu’est la politique, mais c’est vite barbant parce que c’est le plus souvent des dialogues qui ne mènent à rien (à part des disputes et des débats stériles à coups de guerres d’égos et de « as-tuuuu des sourcesss, je veux les souuuurces »). Le point culminant est sans doute celui où vous devez expliquer ce que vous faites dans la vie. Bref, rien de neuf, et impossible de se raccrocher à quelque chose pour combler l’ennui.

Comment ça s’explique ?

Le small talk, c’est vraiment quelque chose de difficilement concevable et d’assez abstrait dans notre esprit de personnes introverties. À mon sens, se caler uniquement sur des conversations superficielles ne peut que m’éloigner de mon interlocuteur.ice. J’ai besoin de profondeur dans mes échanges, sinon, je perds tout mon intérêt…

Comment y remédier ? 

Posez des questions, et essayez de voir le fond des choses. Réfléchissez à tout ce que je vous dis, rebondissez dessus, prenez les perches que je peux éventuellement vous tendre pour atteindre une dimension plus profonde dans notre discussion, ça peut faire des miracles.

12. Une personne fait 27 stories Insta et me prend en photo (et en vidéo) à mon insu.

Je passe moi-même beaucoup de temps sur les réseaux sociaux parce que c’est mon métier alors je ne peux pas vous en vouloir si vous avez toujours le nez dessus. 

Mais c’est compliqué de dialoguer avec des personnes qui passent réellement toute leur soirée à poster des stories sur tout ce qui se passe, minute par minute, comme si leur communauté se prenait de passion pour ces non-événements. Mais qui ça intéresse ? Et il y a toujours un monde entre la story et la réalité : en vrai, on s’ennuie d’une force hallucinante, et il n’y a rien pour rattraper ni excuser ça.

La cerise sur le gâteau, c’est quand il faut apparaître dans ces stories indépendamment de notre volonté. Les photos imposées, les vidéos prises pour rire parce que « cette situation est si drôôôle »… tout ça me stresse plus que je ne l’admets. Ça me bloque et je n’arrive plus à agir avec naturel, vous avez brisé un truc, là.

Comment ça s’explique ?

Je suis hyper gênée qu’on me prenne en photo ou en vidéo alors qu’on ne m’a rien demandé au préalable. C’est une simple question de consentement. Ma réserve fait que je ne suis pas spécialement à l’aise avec ça, si vous ne respectez pas ma gêne, vous ne me respectez pas tout court et vous entravez mon intimité. Je voulais être juste moi-même à la base.

Comment y remédier ? 

Demandez-moi avant de me filmer, de me photographier, de partager un bout de mon image sur vos réseaux. Si je dis non, n’insistez pas, c’est la première règle du consentement. Simple à comprendre.

13. Je ne vous reconnais plus, vous avez complètement changé d’attitude.

J’arrive à cette soirée avec cet ami, et je remarque qu’il se transforme. Il devient l’exact opposé de la personne qu’il est en ma compagnie seule. Il minaude, il fait des blagues un peu border, il parle fort, il rit sur commande, il grossit certains traits, il me lance des piques et puis il finit par m’ignorer. Comment ça se fait ? Il y a des personnes qu’il porte aux nues à notre table, du coup il se sent obligé de jouer un jeu qui est aux antipodes de ce qu’il est réellement. Ça m’agace, je lui lance des regards assassins pour lui faire comprendre que je n’approuve pas son attitude. 

Comment ça s’explique ?

Vous voulez avoir une certaine contenance, c’est votre façon d’essayer de vous faire accepter. Au fond, je peux comprendre que vous portiez votre faux-self pour vous protéger. Mais ce n’est pas une raison pour me renier une fois qu’il y a des personnes que vous admirez ou de glisser dangereusement dans une attitude superficielle alors qu’au fond, vous n’êtes pas une coquille vide, je le sais et c’est pour ça que je suis votre amie. Quant à ces personnes que vous idéalisez tant, elles ne seront pas là pour vous quand vous aurez besoin d’aide.

Comment y remédier ?

Vous pouvez revêtir votre masque si ça peut vous rassurer, mais n’en profitez pas pour vous attaquer à moi ou pour m’ignorer parce que c’est “drôle” et que c’est selon vous le seul moyen de vous faire accepter.

14. Je fais de l’anxiété sociale…

Je ne me considère pas comme quelqu’un de timide aujourd’hui, malgré ce que d’autres psys du dimanche après-midi ont pu dire au cours de ma vie. Je suis juste prévoyante avec les personnes que je ne connais pas. C’est donc de la réserve qui est mêlée à mon introversion. Une fois en confiance, je suis ouverte à la discussion et j’y prends part avec plaisir.

Mais parfois, dans certaines situations spécifiques, je perds mes moyens. Ça me rappelle cette fois où en fac de lettres, j’avais dû subir un semestre de théâtre parce que j’avais choisi l’option arts (à cause du premier semestre dédié à la musique évidemment, je me suis précipitée sans réfléchir, on me prenait par les sentiments). L’angoisse ultime, j’avais passé ces longs mois de répet’ à écumer tout Doctissimo pour trouver des solutions contre mon coeur qui me faisait mal à force de battre aussi fort : ça bloquait ma respiration, je voulais prendre des bêtabloquants. J’ai quand même relevé le défi et CHANTÉ sur scène sans trembler (ce petit truc que j’adore faire en secret, mais chut, j’ai la voix encore engourdie pour cause d’absence de pratique). je suis sûre que c’est mon instinct de survie qui s’est réveillé parce que je n’ai jamais eu aussi peur de toute ma vie, mais au prix de combien d’efforts ? 

En soirée, quand je dois être le centre de toute l’attention, cette angoisse se réveille… et je peux me renfermer, du coup.

Comment ça s’explique ?

L’anxiété sociale, c’est la peur immense de certaines situations sociales qui vont entraîner des crises d’anxiété. Même si chez moi, elle ne se manifeste que très rarement, elle peut survenir si je suis exposée aux regards de beaucoup trop de monde.

Comment y remédier ? 

Ne forcez rien. Si vous faites une soirée karaoké, ne me forcez pas à chanter. Si vous me criez “un discours, un discours”, c’est pareil : vous me forcez la main, je peux faire une crise d’angoisse devant vous, c’est pas une expérience très agréable. Rassurez-moi, dites-moi juste que c’est pas grave si j’ai pas envie.

15. Je ne sais pas m’ouvrir comme ça à n’importe qui.

Quoi, je devrais tout de suite vider mon sac alors que je connais ces personnes-là depuis 20 minutes ? Comment faire, quand on ne parle que de la pluie et du beau temps ? Comment faire quand on est une personne naturellement réservée ? 

Comment ça s’explique ?

Pour moi, il est impossible d’en dire trop sur ma vie privée à des personnes inconnues. Je ne me dévoile qu’au fil du temps ou au détour d’une conversation qui aura attiré mon attention et éveillé en moi des choses positives. 

Comment y remédier ? 

Faites preuve de patience et commencez par aborder des sujets qui réunissent : le cinéma, les séries, la musique. Ces sujets sont fédérateurs, et c’est grâce à eux que tous vos interlocuteur.ice.s s’ouvrent petit à petit et se dévoilent. Observez la prochaine fois.

Bon, blague à part, en réalité, je ne suis pas si compliquée que ça. Enfin pas vraiment. Ben oui, la seule chose qui m’importe, c’est que vous soyez authentiques avec moi. C’est tout. Alors peut-être que la prochaine fois, je parlerai ce soir...