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De quoi a besoin l’hypersensible que je suis pour être heureuse ?

De quoi une personne hypersensible a-t-elle besoin pour être épanouie ? Dans l’absolu, je l’ignore. En revanche, je peux au moins vous partager mon expérience.

Ces derniers mois, j’ai vu quelques posts passer d’autres créateur.ices de contenus concernant l’hypersensibilité, mais sous le prisme de ses limites, cette fois-ci. J’y ai lu pas mal de choses qui ont été assez dures à lire. Des limites du terme, de la nécessité absolue d’un diagnostic (pour le cas de l’hypersensibilité, il n’existe pas de « test » officiel) à la mise au pilori d’autres créateur.ice.s de contenus qui se « mousseraient » en « surfant sur la tendance » sans savoir de quoi il s’agit réellement.

Même si ces remarques ne m’étaient sans doute pas destinées, je les ai quand même retenues puisque je parle aussi quelquefois d’hypersensibilité sur cette page. J’ai conscience que le sujet peut susciter des incompréhensions et quelques réactions perplexes, car à vrai dire, comment quantifier une extrême sensibilité ? On sait très bien que cela n’est pas possible. Cela est parfaitement subjectif et je crois que ce sont des évidences qui nous sont propres et qui ne peuvent pas vraiment s’expliquer, tant elles peuvent différer selon les individus.

Bien sûr, je suis aussi convaincue qu’il perdure une mauvaise compréhension de ce que ce terme peut réellement signifier et que beaucoup assimilent encore trop vite l’hypersensibilité à un immense cliché véhiculé par la société (le mec, la fille qui pleure devant un film et autres joyeusetés qui n’ont que très peu de rapport avec ce qu’est vraiment ce tempérament…)

Mais je pense aussi que si nous n’en parlons pas, nous enterrons ce sujet, pourtant si nécessaire, qui s’articule autour de la santé mentale.

Suite à un post assez violent rédigé par une personne dont j’admire pourtant le travail, j’ai été dégoûtée. J’ai eu envie d’arrêter de parler d’hypersensibilité, d’évincer complètement ce sujet de ma ligne édito. Puis, je me suis fait la réflexion qu’il était dommage d’en arriver là, parce que ça fait aussi partie de ma vie. Je ne touche pas un centime avec ce contenu que je prends tant de temps à produire, je ne fais pas ça de manière intéressée et je crois que si c’était le cas, je ne serais pas ici à vous écrire et à mettre autant d’énergie à faire évoluer cette page.

Mais à partir de maintenant, dès que je vous parlerai d’hypersensibilité, j’emploierai systématiquement la première personne, le « je » afin d’éviter qu’on me fasse éviter les risques d’effet « Barnum » et tout malentendu.

Je ne vous partagerai que mon témoignage ou celui de mes abonné.e.s pour vous montrer que l’hypersensibilité est avant tout une expérience qui est propre à chaque personne.

1 – Une vie en accord avec mes valeurs personnelles.

J’ai besoin de me sentir connectée à mon quotidien et aux personnes qui en font partie. Je ressens aussi une grande nécessité, celle de sentir que mes choix comportent un réel sens et qu’il s’articulent autour de mon système de valeurs interne. Je ne m’imagine pas exercer un métier ou fréquenter des personnes qui ne m’apportent pas de sens profond dans chaque chose. Si à l’inverse, j’évolue dans un milieu dont je ne partage les convictions et les envies, je dépéris et deviens cynique. Je perds aussi de l’intérêt pour ce que j’aime le plus, je me déconnecte du réel. Je deviens mon propre fantôme.

2 – Beaucoup de moments d’accalmie au quotidien.

Je ne suis pas seulement quelqu’un de très sensible, je suis aussi introvertie. Quand on apprend à me connaître, ces deux données sont à prendre en compte : j’ai besoin de beaucoup de moments de calme et de solitude pour recharger mes batteries. Un excès de stimuli finit par me faire vriller et les interactions sociales qui s’éternisent me fatiguent très vite. J’ai besoin de retourner aussi souvent que possible dans mon cocon, y trouver le repos et le recul nécessaire pour revenir en forme et d’attaque pour la suite. Mes moments en solitaire font partie de ma routine, ils sont indispensables à ma vie.

3 – De la beauté, un motif à la contemplation.

C’est un fait, j’aime les jolies choses. Il ne s’agit pas vraiment de données matérielles, car ce qui est de plus beau à mes yeux n’a pas de prix. Il peut aussi être question de faire collection de beaux souvenirs, précieusement conservés dans ma tête, des instants très brefs, la beauté de la nature qui m’entoure, la beauté dans les yeux des autres, une connexion, l’intensité d’une discussion. J’adore observer le monde tout autour de moi, son évolution, le voir s’épanouir, m’offrir ce qu’il a de plus éblouissant sans me donner directement, juste en se montrant tel qu’il est, ça me suffit. Contempler, c’est plus fort que moi.

4 – L’acceptation des proches.

Quand on passe son temps à garder nos émotions pour nous, on finit par développer un besoin naturel de nous exprimer, car tout devient subitement trop lourd. Je ressens le besoin d’être acceptée telle que je suis. Je connais les limites des autres et n’attends pas une compréhension totale, mais au moins une réaction bienveillante. Je voudrais que l’on me dise plus souvent « ok, je suis incapable de me représenter ce que tu vis, mais tu n’en fais pas trop, tes émotions sont valides ». Je garde beaucoup de choses pour moi afin de ne pas effrayer mes proches, c’est une sur-adaptation constante, mais j’ai parfois envie de sortir de moi ce qui me procure tant d’émotions.

5 – La possibilité de donner vie à mon monde intérieur.

Ce point rejoint le premier : je dois d’abord trouver un sens à ma vie, puis j’ai besoin d’exprimer ce qui fait sens pour moi. Ma créativité est donc débordante, et je considère que tout ce qui bouillonne à l’intérieur de nous mérite d’être exprimé d’une façon ou d’une autre. J’ai beaucoup de mal à m’exprimer de manière brute avec mon introversion, alors je le fais souvent par d’autres moyens. Dans mon cas, c’est l’écriture qui me permet de donner vie à tout ce qui passe dans ma tête. Avoir cette alternative en ma possession m’est très précieux. Ma grande sensibilité est trop intense pour rester indéfiniment là où elle est.

6 – Des connexions profondes.

J’aime les autres pour ce qu’ils sont tout au fond d’eux et ce qui m’est le plus cher, ce sont ces connexions que l’on fait et tout ce que l’on construit ensemble. J’adore m’entourer de personnes authentiques et sincères avec elles-mêmes, qui ont beaucoup de choses à partager. J’aime l’idée que l’on puisse fusionner tout ce qui nous caractérise et que l’on soit en mesure de créer un tout nouveau monde. J’aime la richesse des connexions profondes et malheureusement, tout ça arrive peu souvent car les cadres dans lesquels on établit des rencontres est peu engageant pour répondre à des questions plus intenses, stimulantes et parfois existentielles.

7 – Avoir la possibilité de prendre mon temps.

Souvent pour moi, tout va trop vite. Je ne pense pas être quelqu’un de lent en soi si on prend la définition la plus communément comprise de la lenteur, mais disons que j’ai besoin de moments pour processer ce qui m’arrive, ce que je vis émotionnellement dans le cadre de relations amicales ou amoureuses par exemple. Je déteste que l’on me brusque, que l’on me fixe des ultimatums ou basculer dans un état d’urgence. Je ne supporte pas quand tout va trop vite et que je ne sois pas émotionnellement en état de m’acclimater à ce qui se passe dans l’instant. Bien sûr, je peux aller vite, mais ça va me prendre deux fois plus d’énergie.

8 – Ne plus m’excuser d’être moi.

Quand on est très sensible, j’ai le sentiment qu’on passe un temps démesuré à nous excuser de trop ressentir ou d’avoir manifesté des émotions vives ou négatives à un instant particulier, comme si nous avions perdu la face. C’est notre société du tout positif qui nous fait culpabiliser de prendre les choses très à coeur et qui assimile notre extrême sensibilité au monde à une forme de faiblesse. Mais non, je n’ai plus envie de m’excuser d’être simplement moi quand je ne fais pas de mal aux autres. Et je suis heureuse d’avoir la possibilité d’être qui je suis dans mon entourage aujourd’hui.

9 – Que la société apprenne à voir la force dont je fais preuve.

Par extension, je suis ravie de voir que la thématique de l’hypersensibilité soit autant abordée en ce moment, bien que ce terme soit encore très mal compris et méconnu. Il s’agit d’une réelle force : nous nous sur-adaptons à notre quotidien, nous vivons chaque expérience intensément, nous savons lire entre les lignes, nous avons assez de curiosité pour creuser et aller au fond des choses, malgré les stimuli qui peuvent nous impacter, les aléas de la vie qui nous minent dix fois… Rien que pour ça, je suis heureuse de voir des représentations et des mots pour exprimer tout ce qui me touche tant. C’est apaisant. C’est rassurant.