C’est un livre qui m’a beaucoup apporté et qui m’a aussi permis de faire la paix avec mon introversion : j’ai compris que je ne devais plus en avoir honte. À vous maintenant de le lire et de réaliser votre valeur.
En France, on parle très peu de l’introversion, des introverti.e.s et de leur lutte quotidienne avec le reste du monde. Le sujet est semble-t-il tabou, ou personne ne fait état de son introversion, jugeant le sujet épineux, peut-être trop honteux, je ne sais pas exactement.
Quand j’ai réalisé que j’en étais une et que c’était un sujet largement évoqué aux États-Unis, j’ai fait ce que je fais toujours pour en apprendre davantage : je me suis renseignée sur tous les bouquins qui sont sortis sur le sujet et j’ai fait ma petite recherche Amazon.
Il n’y a quasiment rien. Sérieux.
Le calme plat. Que dalle. Il y a 5, 6 livres à tout casser qui parlent d’introversion et un dont le titre est “SORTEZ DE VOTRE COQUILLE”. OUI D’ACCORD. Merci bien, c’est vrai que je n’ai pas souvent entendu cette injonction au cours de ma vie, de l’école au travail. Je tâcherai de m’en souvenir. Mon envie de cliquer dessus est inexistante. Allez tant pis, je scrolle encore.
Et en descendant, je tombe sur des ouvrages qui parlent de timidité, de phobie sociale avec des bouquins de Christophe André sur l’art de vaincre ses peurs. Ok ok ok. Aucun livre n’est là pour décomplexer ou encourager l’acceptation de soi. On part sur une tare, un truc dont il faut à tout prix se débarrasser et cacher (de préférence). Très bien.
Pour le reste, vous devez comprendre l’anglais : il existe un nombre important de bouquins qui parlent d’introversion et qui sortent chaque année aux États-Unis, dont des livres qui se vendent comme des petits pains. Si vous écrivez et que vous écrivez aussi en anglais, n’hésitez pas à sortir un truc, ça va fonctionner.
Du coup, je me décide de prendre un bouquin parmi les premiers qui abordent vraiment le sujet. Parmi eux, un livre qui est semble-t-il un pilier du genre, un bestseller international. C’est La Force des discrets, de Susan Cain. Vendu, je valide et je lis ça sur ma Kindle.
Je vous laisse lire la quatrième de couverture :
“Notre société valorise de plus en plus les caractères extravertis : pour réussir, il est bon d’être sociable, charismatique et de savoir travailler en équipe. À l’inverse, le discret, qu’il soit collègue de bureau, chef d’entreprise ou dirigeant politique, est souvent moins apprécié et ne semble pas adapté aux défis actuels. C’est à cette discrimination, dont elle fut elle-même victime, que s’attaque ici Susan Cain. Son propos, qui s’appuie sur des études menées dans différentes disciplines et des exemples célèbres (Chopin, Darwin, Gandhi, Gates, Wozniac…), démontre les qualités – aussi précieuses que méconnues -, des introvertis : force de concentration, capacité d’analyse, sens de l’écoute, créativité, etc. Fort de son expérience et de ses consultations en entreprises, l’auteur offre également des outils (conseils, techniques) efficaces pour aider adultes et enfants, à mettre à profit leur personnalité.”
C’est qui Susan Cain pour parler de tout ça de manière légitime ?
Pour la petite information, Susan Cain est une personne qui a un gros background derrière elle. Vous l’aurez deviné, c’est une introvertie.
Susan Cain est une introvertie qui a un jour été avocate. Je sais, ça surprend. Vous imaginez un.e introverti.e qui doit parler haut et fort pour défendre ses client.e.s lors de réunions ultra-anxiogènes au milieu de mâchoires carrées et de types qui tapent facilement du poing sur la table ? Elle, elle ne l’a pas imaginé, elle l’a expérimenté.
Susan Cain est une introvertie qui a par la suite écrit un livre et ouvert un blog, Quiet Revolution, pour sensibiliser tout le monde autour de cette thématique.
Susan Cain est une introvertie qui est également devenue coach personnelle et conférencière dont la conférence TED Talk a été vivement regardée, partagée et commentée par des communautés d’introverti.e.s qui s’affirment ou qui se cachent encore.
Susan Cain est une introvertie qui a prouvé à elle seule qu’on pouvait briller par son travail et par une manière différente d’agir et de se mettre en valeur.
J’y suis quand même allée à reculons
Du coup, sans attendre plus longtemps, j’ai pris ma Kindle et je me suis lancée dans la lecture de ce bouquin, craignant de me retrouver encore une fois face à un énième livre insipide et barbant sur le développement personnel.
Et non, je me suis heureusement trompée. La Force des discrets n’est pas un bouquin de plus qui vous encourage à “sortir de votre coquille”. Il fait bien plus que ça. Il vous aide. Genre, vraiment.
L’art du décryptage entre chiffres et témoignages
Susan Cain pointe du doigt la situation actuelle : nous vivons dans une société qui fait la promotion de l’extraversion au détriment de l’introversion.
Elle explique les origines de cette manière de voir les choses et accompagne chacune de ses affirmations de sources chiffrées, d’enquêtes, d’expériences personnelles, d’expériences vécues par ses client.e.s et ne vous fait aucun sermon sur la nécessité de sortir de chez vous boire des caïpis et sourire bêtement jusqu’aux yeux parce que c’est ainsi qu’il faut se comporter.
Non, Susan Cain ne cesse de décrypter le monde qui nous entoure. Elle fait même un comparatif intéressant entre les sociétés occidentales, qui privilégient les grandes gueules et les grosses personnalités et les sociétés asiatiques qui elles valorisent l’action de se contenir, de se mettre en retrait et la mesure.
L’exemple des introverti.e.s célèbres
En parallèle, Cain cite quelques introverti.e.s célèbres qui ont changé la face du monde. Elle parle de la douceur et de la réserve derrière l’assurance de l’ancienne première dame des États-Unis Eleanor Roosevelt, de l’inoubliable Rosa Parks, qui avec un simple “non” a changé la face du monde et des travaux déterminants d’Einstein, de Darwin et de Bill Gates. Ça fait du bien.
Le monde serait meilleur avec des si
Savoir où on en est aujourd’hui est une bonne chose à garder dans un coin de sa tête. Susan Cain explique à quel point le monde serait meilleur si on acceptait extraversion et introversion de manière équivalente et à quel point l’union de ces deux extrêmes serait bénéfique.
Elle dénonce aussi la surenchère du “travail en équipe” et du travail en “open space”, qui finalement n’est pas aussi positif qu’on le pense. D’ailleurs, l’autrice démontre brillamment que les effets de la crise en 2008 auraient pu être moins graves s’il y avait plus d’introverti.e.s aux commandes des sociétés financières.
Par ailleurs, Cain donne des pistes quant à l’origine de l’introversion : devient-on introverti.e ? Est-ce génétique ? Je vous laisse le découvrir par vous-même. Ça fera d’ailleurs l’objet d’un autre article.
Prenons soin de nos enfants introverti.e.s
Mais ce que j’ai le plus aimé dans ce livre, c’est sans doute sa dernière partie et sa conclusion sur « comment aimer, comment travailler » en rapport direct avec le système éducatif occidental, qui peut parfois s’avérer très destructeur.
L’autrice donne en effet de nombreux conseils aux parents qui ont des enfants introverti.e.s et aux professeur.e.s à l’école qui en rencontrent inévitablement au cours de leur carrière.
J’ai trouvé ces conseils très pertinents : ils devraient être mis très vite en application, ce serait tellement bénéfique pour les enfants introverti.e.s qui sont mis de côté et dont on n’estime pas le travail à sa juste valeur, au profit des enfants extraverti.e.s. Je pense souvent à ces enfants-là, et ça me brise le coeur. Je me sens démunie quand je pense à ce que la société leur fait, comment elle les bouffe jusqu’à la moelle pour en faire des petits trophées à montrer à tout le monde au lieu de privilégier le libre-arbitre et l’authenticité de chacun.e.
Je suis convaincue que l’on n’exploite pas assez le potentiel de ces enfants, alors qu’il suffirait d’apprendre à les connaître davantage pour se rendre compte que leur richesse intérieure est extrêmement intéressante et qu’elle peut servir à faire de très grande choses au sein de notre société.
La Force des Discrets, Susan Cain.
À vous de vous plonger dans ce bouquin. Dites-moi ce que vous en pensez, votre avis m’intéresse.