La culpabilité m’obsède au quotidien. Je culpabilise pour tout. Et je ne sais pas d’où vient cette effroyable culpabilité, même en forçant sur les souvenirs. Si vous partagez ce que je ressens, ce guide est là pour vous aider.
Il y a une phrase qu’on me répète souvent : « Liv, arrête de t’excuser pour tout, ce n’est pas grave, ce n’est pas de ta faute. »
Je mesure aujourd’hui à quel point la culpabilité fait partie intégrante de ma vie. C’est bien de l’identifier, primordial de réaliser enfin que j’ai un problème avec ça. Et même si j’avance et que fais des efforts sur moi-même pour me sortir de cette spirale, c’est encore difficile à gérer, car je fais un pas en avant, puis trois en arrière. C’est particulièrement usant à la longue. Je voudrais que quelquefois, ma conscience puisse me laisser souffler de temps en temps, surtout lorsque la plupart des situations pour lesquelles je suis désolée sont indépendantes de ma volonté et que je n’en suis pas la cause.
Mais c’est un fait : la culpabilité m’obsède au quotidien. Je culpabilise pour littéralement tout. Et je ne sais pas d’où vient ce sentiment, même en forçant sur les souvenirs. C’est très certainement un point, parmi les premiers, que je devrai prochainement aborder avec un.e professionnel.le.
Faisons l’inventaire de ma culpabilité quotidienne ensemble :
– Je culpabilise lorsque je prends une décision, raisonnable ou moins raisonnable, ça ne change rien.
– Je culpabilise lorsque j’ose me dévoiler sous ma véritable identité, et que je laisse échapper des indices de ma vulnérabilité.
– Je culpabilise lorsque j’élève ma voix, de bonheur ou de colère, parce que j’estime qu’elle n’est pas légitime.
– Je culpabilise lorsque je m’endurcis, même à juste titre, même lorsque JE DOIS le faire.
– Je culpabilise lorsque j’échoue, car je ne m’accorde pas le droit d’échouer.
– Je culpabilise lorsque je réussis, parce que je ne me sens jamais totalement méritante.
– Je culpabilise lorsque je me plains parfois ou que je demande de l’aide.
– Je culpabilise de ne pas être toujours à la hauteur des autres.
– Je culpabilise d’abandonner certains projets.
– Je culpabilise de procrastiner.
– Je culpabilise de culpabiliser.
Je sais que vous êtes beaucoup à partager ce que je ressens, je le vois dans vos messages, vous me dites que vous êtes désolé.e.s de vous plaindre, alors que votre plainte a du sens.
1 – Vous vous sentez coupable de ne pas posséder le même quotidien que les autres.
Sur les réseaux, vous pouvez être absolument qui vous voulez. Il est si facile d’édulcorer son histoire, son quotidien, son passé, ses posts, sa vie entière. Mais la vie, la vraie, ce n’est pas juste du storytelling, dans les faits. Pour tout le monde, la vie est faite de passages à vide, de moments très ordinaires. Avec la bonne photo, le bon angle, le bon ton, le choix des mots, tout peut être sublimé, même l’élément le plus anecdotique. L’impossible peut exister. Essayez 5 minutes l’exercice : vous y croirez, vous aussi, à votre propre invention. Vendre et se vendre sont des métiers à part entière, d’ailleurs.
Mon cas : Je me suis longtemps laissée avoir par ce que je voyais sur les écrans, alors que ma raison me faisait savoir qu’il ne s’agissait la plupart du temps que de mise en scène. Comme beaucoup d’autres personnes, mon oeil s’est habitué très vite à ce que ce feed Instagram me montrait quotidiennement. Je culpabilisais de ne pas avoir cette vie merveilleuse que l’on dépeint partout. Alors je me haïssais moi, ma vie, mon corps, tout mon être. Pourquoi tant de haine, alors que j’ai tant à offrir ? Aujourd’hui, même si ça va mieux, j’essaie de me tenir éloignée le plus possible de cet univers-là, car je ne suis jamais à l’abri d’une crise existentielle.
2 – Vous vous sentez coupable de ne pas être aussi actif.ve que cette autre personne.
Cette personne est très active ? Si d’autres parviennent à vivre à fond leur passion, c’est merveilleux pour elles. Et vous le voyez assez vite qu’elles n’inventent rien puisqu’elles ne se mettent pas spécialement en avant, leurs projets les animent tellement que c’est contagieux, elles en parlent de manière à ce que l’on soit très heureux.se.s pour elles. C’est inspirant, mais à aucun moment cela ne doit vous faire douter de vous, de vos capacités, car vous êtes deux personnes différentes, qui ont des compétences, des passions et des envies qui ne sont pas du tout les mêmes. Il n’y a aucun point de comparaison à faire entre vous.
Mon cas : J’ai tendance à beaucoup procrastiner, la plupart du temps. Il y a de nombreux projets qui germent dans ma tête, mais très peu arrivent à un stade avancé de production, car j’ai un léger syndrome de l’imposteur qui me fait anticiper tout échec éventuel. Aujourd’hui, je regarde le travail des autres avec admiration, j’adore observer des personnes créer des choses que je serais incapable de créer par moi-même, c’est infiniment inspirant. Comment ai-je fait pour ne plus ressentir d’envie ? Je me suis focalisée sur ce que j’aimais vraiment faire par-dessus tout et j’ai pris le temps de réfléchir avant de me lancer dans ce que je sais faire le mieux. J’ai mes compétences et mes talents, je ne peux pas être bonne partout, je ne peux pas tout faire, car j’ai besoin de plus de temps avant de passer à l’action. Et c’est tout à fait OK.
3 – Vous vous sentez coupable, parce que vous avez pris du temps pour vous aujourd’hui.
Comme je le disais dans le point 1, une vie, chaque vie, est faite de temps morts, d’épisodes ordinaires, qu’on le veuille ou non. C’est un fait, aujourd’hui ou en ce moment, vous êtes fatigué.e et avez besoin de temps pour vous. Ce n’est pas grave de ne rien faire, parfois, de prendre le temps de se reposer, de se vider l’esprit. Nous ne sommes pas des machines et même si c’était le cas, nous aurions quand même besoin de faire une pause pour recharger la batterie. Et puis, les temps morts nous permettent de prendre du recul, de faire le point, de réfléchir à ce que nous aimerions que notre avenir devienne. Alors prenez ce temps. Pour vous. La suite logique arrivera et s’imposera d’elle-même.
Mon cas : Ma vie a souvent été faite de temps morts, mais ces temps morts m’ont permis de prendre du recul nécessaire, de me construire, de réfléchir à ce que je souhaitais faire de ma vie et de mon avenir, même lorsque j’étais vraiment perdue. Sans ces instants figés dans le temps, je ne serais certainement pas ce que je suis aujourd’hui, et je n’aurais pas pu créer ce que j’ai réussi à créer, y compris ce projet-là qui nous réunit.
4 – Vous vous sentez coupable pour le temps qui passe et pour toutes ces « occasions manquées ».
Le temps est anecdotique, même si la société nous presse de nous en inquiéter. Dans la vie, rien n’est jamais trop tard, il n’y a pas de dernier train ou de dernière chance. Et ne pas être prêt.e d’en saisir une ne signifie pas que c’est fini et que d’autres occasions ne se présenteront pas plus tard. Chaque personne avance à son rythme : si vous êtes plus lent.e, c’est que vous avez besoin de plus de temps pour analyser ce qui vous arrive, ou ce qui vous est arrivé, ou ce qui peut vous arriver, et c’est OK. Votre âge, votre situation, votre passé ne vous définissent pas : vous pouvez agir. Prenez le temps qu’il faut. Vous y arriverez, j’en suis persuadée.
Mon cas : Je repense encore parfois à ces paroles qui m’ont été destinées. « C’est ta chance, saisis-la », « elle ne se représentera pas deux fois ». Qu’est-ce que vous en savez, de l’avenir ? Rien, pas plus que moi, pas plus que nous. Une chance peut en cacher une autre, plus belle, plus excitante, plus en accord avec nos valeurs personnelles. Je n’ai pas toujours saisi certaines opportunités, et ce n’est pas grave, parce que je n’étais pas prête, parce que mon coeur m’a dit que ce n’était pas le moment. Ma vie n’est pas terminée, et il existe encore tant d’autres possibilités. D’ailleurs, avec du recul, je n’ai aucun regret d’avoir décliné certaines offres, car mes aspirations en changé en cours de route et je ne serais sans doute pas heureuse à l’heure actuelle si j’avais répondu positivement à ces opportunités.
5 – Vous vous sentez coupable, parce que vous ne savez plus où vous en êtes, dans la vie.
Je connais si bien ce sentiment : la culpabilité nous écrase dans le cas précis dans ce monde où on glorifie tant la performance. Pourtant, ce n’est pas grave, si vous n’avez pas de but précis à l’instant T ou que vous arrivez à un carrefour, sans savoir que faire, où aller. Ce n’est pas grave de ne pas avoir d’objectif tout court, tout de suite. Peut-être que votre conception du bonheur est différente, peut-être que tout ce que vous souhaitez, c’est l’apaisement, le repos. Et vous savez quoi ? C’est un objectif très ambitieux. Il n’y a d’ailleurs pas d’objectifs qui ne soient pas ambitieux et légitimes. Et si vous apprenez à vous écouter vraiment, vous saurez exactement dans quelle direction aller.
Mon cas : J’ai parfois avancé sans objectif précis, car mon expérience et mes déceptions sont venues m’embrouiller et j’avançais aveuglée vers l’inconnu. Sachez que tout le monde traverse ce genre de phase, et je n’y ai pas échappé non plus. J’avais atteint un rêve de vie, qui finalement s’éloignait de la nouvelle conception que je me faisais du bonheur. Quand la maturité passe par-là, ça peut créer quelques turbulences et noyer quelques rêves d’enfant un peu naïfs. Quand on se cogne à la réalité du rêve, on se dit que finalement, on va continuer notre chemin, car l’objectif n’est pas là. Et qu’il n’a en réalité jamais été là.
6 – Vous vous sentez coupable, parce que vous n’avez pas la force de poursuivre ce projet.
Vous venez de démarrer un projet et vous n’avez aucune motivation pour le continuer ? Ce n’est pas grave ! Ne vous forcez à rien, ne faites pas quelque chose sous prétexte qu’il faut le faire, c’est le meilleur moyen de vous dégouter de cet objectif. Vous forcer à le terminer ne le rendra pas meilleur. Laissez-le reposer quelque part : vous aurez envie de le reprendre (ou de le recommencer) une autre fois, avec un regard nouveau et le savoir que vous aurez acquis pendant ce moment de recul. Parfois, il suffit juste de s’en détacher pour s’y attacher de nouveau. Et quand la motivation revient, elle revient sous la forme d’un flot d’idées merveilleuses. Laissez-vous le temps, encore une fois.
Mon cas : Je possède une véritable déchèterie intérieure d’idées qui ne sont jamais arrivées à maturation. C’est le quotidien d’une personne qui souhaite entreprendre, et je crois qu’il faut l’accepter, ce que je peine encore à faire, mais ça viendra. Tous les projets que vous ferez n’arriveront pas au stade d’exécution, et ce n’est pas grave, absolument pas grave. Il y a surtout ce projet musical vers lequel je vais et je reviens depuis des années, mais que je n’arrive pas à concrétiser car j’ai un milliard de blocages, car je ne me sens pas légitime de parler de musique, car je ne me sens pas assez bonne pour le réaliser, allez savoir pourquoi. Pour l’instant, le projet repose dans un coin. Mais je n’abandonne pas l’idée de le retrouver un jour, car la musique est la chose qui me passionne le plus au monde.
7 – Vous vous sentez coupable, parce que vous estimez que vous n’avancez pas.
Vous n’avancez pas ? C’est ce que vous croyez. Le repli sur soi peut vous apporter bien plus que vous ne le pensez. Laissez-vous aller dans vos recherches, vos lectures, vos découvertes surprenantes… C’est parfois là que vous trouverez ce qui vous contentera et vous motivera. Ne vous embrouillez pas avec un milliard de tâches : vous pouvez faire tout ce que vous voulez, prenez votre temps. Il suffit parfois de lire une simple phrase ou de tomber sur une vidéo pour que tout se débloque. Les activités qui consistent à se documenter ou bien relatives à la contemplation ne sont PAS contre-productives. Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas au coeur de l’action que vous ne faites rien.
Mon cas : Tous ces moments de solitude où je ne semblais rien faire de particulier m’ont été incroyablement utiles pour la suite. Durant ma phase à vide, je lisais tout, comme si ma vie en dépendait, c’était devenu une routine un besoin, lire devenait une addiction. Et quand je ne lisais pas, j’écoutais juste de la musique. Ça me permettait de partir loin, de fuir la réalité, et même si je sais que certaines personnes le voient d’un mauvais oeil, cette fuite dans les limbes de mon imaginaire m’a été salutaire. Je me devais de partir par la pensée. Ça m’a permis de revenir plus forte. Une thérapie.
8 – Vous vous sentez coupable, parce que vos proches ne vous comprennent pas.
Gardez à l’esprit que vous vivez pour vous et que votre existence ne doit pas se résumer à faire plaisir aux autres au détriment de votre bonheur personnel. Si un.e proche a sa propre idée de ce que doit être votre vie, grand bien lui fasse. Mais en attendant, vous êtes la seule personne qui soit en mesure de décider de ce qui est le mieux pour vous. Votre conception du bonheur est différente, certes, mais personne n’a le droit de vous reprocher les décisions que vous prenez dans votre vie. Et puis, personne n’est en mesure d’estimer si oui ou non vous vous battez assez, ou si vous y mettez – ou non – du vôtre. Car vous faites tout ce que vous pouvez et vous méritez tous les encouragements du monde.
Mon cas : Je sais que mes choix de vie ne coïncident pas toujours avec l’idée de ce que certain.e.s de mes proches voient pour moi. Je n’ai jamais rien fait comme les autres. Une vie rangée ne m’intéresse pas, je ne veux pas d’une maison à la campagne, je ne veux pas travailler en CDI dans un même bureau pendant 30 ans, même si le salaire est alléchant. Je ne veux pas rester en France toute ma vie, je ne veux pas de vie de famille, je ne veux pas de mariage, je ne veux pas de dessous de verre, ni de vacances au même endroit, chaque été. Je ne veux rien planifier. Ma vie rêvée est faite d’aventures extraordinaires, d’imprévus, de défis à relever, de rencontres (avec des humain.e.s et avec des concepts), d’opportunités, d’expériences enrichissantes, de voyages. Je déploie beaucoup d’énergie pour me permettre ce luxe-là, le luxe de la liberté. Cette conception du bonheur, peu de personne l’ont. Mais je n’ai pas envie de m’enfermer dans une vie que quelqu’un d’autre m’aurait attribuée, et sur laquelle je n’aurais aucun libre arbitre. Ma liberté est ce que j’ai de plus précieux en moi, elle me constitue.
9 – Vous vous sentez coupable, parce que vous avez exposé vos émotions au grand jour.
Oui, vous avez explosé ce jour-là. Oui, vous avez montré vos failles, votre vulnérabilité en craquant. Il ne s’agit pas d’une preuve de faiblesse, mais au contraire, d’une grande force de caractère. Dévoiler de telles parties de soi en public est d’ailleurs une bonne manière de défaire certains noeuds en soi, de tourner la page, aussi. Vous ne pouviez pas éternellement tout garder pour vous, considérez cette mise à nu comme une délivrance, vous en aviez besoin, et certaines choses méritent d’être dites tout haut pour aller de l’avant. Et si certain.e.s en profitent pour vous le reprocher, vous n’y êtes pour rien : c’est leur problème, pas le vôtre.
Mon cas : J’ai longtemps caché mes émotions par pudeur, par honte, par crainte du jugement. Ça ne m’a pas apporté grand chose, et ça n’a d’ailleurs rien réglé du tout de réprimer tout ce qui m’animait tant intérieurement. Au contraire, cela n’a fait que contourner le problème et retarder la crise existentielle. Et lorsque la crise existentielle arrive, elle bouscule tout sur son passage. On arrive à un stade où on ne peut plus rien contenir, c’est trop lourd. Aujourd’hui, j’essaie d’accepter et d’accueillir toutes ces émotions pour en faire quelque chose qui a du sens : et ce projet fait partie intégrante de ces choses qui ont du sens à mes yeux.