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Pourquoi je ne participe pas en classe ?

Vous aussi, vos bulletins scolaires sont truffés d’appréciations qui ne rendent pas justice au travail réel que vous fournissez ? Vous aussi, vous devez vous justifier ? Cet article vous aidera à faire le plein d’arguments. Juste au cas où.

Bon, pour être honnête, ça fait un petit moment que je n’ai pas mis les pieds à l’école, malgré mon jeune âge… Et pour tout vous dire, même si l’idée de reprendre des études de psychologie me fait souvent de l’œil, j’ignore si j’ai vraiment envie de retourner sur les bancs de l’école, car je n’ai jamais été faite pour le système scolaire et j’ai encore moins su m’y adapter.

Oui, j’ai un jour moi aussi été cette élève « sérieuse », mais « trop discrète » qui devait absolument « prendre confiance en elle ». Sur chaque bulletin, chaque trimestre, chaque année, même histoire, même combat… et surtout, les mêmes interrogations venaient se greffer à moi, et j’avais profondément honte de ce trait étroitement relié à l’introversion. Ces appréciations me rendaient triste parce que je devais m’excuser d’être comme j’étais, d’une certaine façon. Et je ne savais pas quels efforts je devais fournir au juste sans avoir le sentiment de me forcer puisque j’ignorais que ma façon d’être était valide.⁣

Et comment prendre confiance ? Comment prendre confiance en vous quand vous avez 13, 14 ans, que vous savez si peu de la vie et que personne ne nous apprend à emprunter ces chemins, ceux qui vous mènent vers ce sentiment si tentant, prisé par tant de monde : l’amour de soi et l’acceptation ?

Je vous partage quelques arguments que j’aurais pu fournir aux adultes afin de me rendre justice à l’époque où je ne disais rien. Peut-être que ça vous parlera, à vous aussi. Je l’espère.⁣

1. Les personnes qui m’entourent sont plus rapides que moi.

J’ai la sensation de me retrouver au beau milieu d’une compétition sportive en équipe : j’essaie de faire une action, mais trois personnes me passent devant avant que je me décide d’agir. Certain.e.s parlent très vite, parfois sans lever la main ou attendre d’y être invité.e.s C’est peu engageant pour moi. Je ne vois pas la participation comme un concours, je ne souhaite pas me comparer aux autres non plus. Du coup, je laisse la place aux autres.

2. J’ai besoin de temps pour apporter une réponse construite.

La réflexion en interne fait partie de mon processus d’action. J’analyse en silence avant d’agir, contrairement à mes camarades extraverti.e.s qui ont tendance à décomposer le fil de leur pensée en échangeant et en s’exprimant oralement. Ce n’est pas une inclinaison naturelle chez moi. Avoir besoin de plus de temps ne fait pas de moi une personne moins intelligente et vive d’esprit pour autant. Ce sont deux façons différentes de fonctionner, rien de plus.

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3. En tant qu’introverti.e, ma batterie sociale est à plat rapidement et j’aurais bien besoin d’une pause de temps en temps.

Or, dans le cadre scolaire, je n’ai que très peu de possibilités de m’isoler pendant quelque temps. Les cours s’enchaînent et les interactions, même en dehors des cours, sont constantes et je me suradapte déjà beaucoup. Je suis un peu fatiguée socialement et je voudrais juste pouvoir écouter ce que vous dites et assimiler toutes ces informations de mon côté.

4. Je rêvasse souvent, on me dit que je suis « trop dans ma tête » la plupart du temps.

Pour être honnête, j’ai un peu décroché ces dernières minutes. Je n’ai pas entendu votre question, simplement parce que je n’ai pas écouté. Et ça arrive, ce n’est pas un drame. On ne peut pas rester concentré.e toute la journée et ce pendant des heures d’affilée, malgré toute la volonté du monde. Nous sommes humain.e.s avant tout, on ne le rappelle jamais assez à mon goût.

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5. Parce que… je ne connais pas la réponse !

J’ai beau être concentré.e, rien ne me vient à l’instant où vous me posez la question… Je suis là pour apprendre et j’ai peut-être des difficultés dans cette matière ou besoin de temps pour assimiler le cours. Notre pays prône une certaine idée de l’excellence et l’éducation n’y échappe pas. C’est dommage, je suis sûre que je participerais davantage si j’étais bien certaine d’avoir le droit de me tromper et qu’on ne me jugerait pas pour ça.

6. Je suis perfectionniste et je ne suis pas à l’aise avec l’idée de me tromper.

La cause étant le déni de l’échec, très ancré dans notre inconscient collectif. Vous pouvez me rassurer en accordant plus souvent le droit à l’erreur aux plus jeunes, car elle est encore une fois humaine et concerne donc tout le monde, même vous, figure d’autorité. On se plante toujours quand on est en cours d’apprentissage… Personne ne maîtrise pleinement une discipline dès le jour 1 et c’est un risque élevé de développer un méchant syndrome de l’imposteur qui nous freine dans notre élan.

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7. Je suis timide ou je fais de l’anxiété sociale.

Je suis très mal à l’aise à l’idée de parler devant du monde. Je suis intimidé.e, j’ai peur que ma réponse m’attire des moqueries de la part de l’adulte qui me pose la question ou de la part des plus jeunes et il est difficile de contrôler mon anxiété. Je ne me sens pas en confiance… Et nul besoin de me demander de prendre de l’assurance dans mes bulletins ou de souligner ma timidité : je sais tout ça. J’essaye de m’adapter. Là, j’ai besoin que les autres, dont vous, m’aidiez à me sentir mieux pour me construire.

8. Parce que le dialogue n’a pas été proposé dans la salle de classe et l’environnement n’est pas propice à la prise de parole.

Je ne me lâche que dans un safe space, c’est-à-dire un espace où je me sens libre d’être moi, libre de m’exprimer sans qu’aucun jugement vienne tout gâcher ou qu’une intervention vienne tout parasiter, ou qu’on vienne me dire que j’ai « un problème ». Il est légitime de demander la mise en place d’un espace sécurisé, dans lequel on se sent bien. Cela devrait être comme ça partout afin que tout le monde puisse se sentir légitime.

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Et à celles et ceux qui diront que « le monde est tel qu’il est »

…et qu’il n’y a plus rien à faire, sinon s’adapter et se conformer à ce que l’on attend de nous… Cet argument comporte ses limites à mon sens. Nous adapter, nous le faisons déjà tous les jours en silence. Ne rien faire, c’est laisser ce système tel qu’il est, c’est renoncer à une quelconque forme d’évolution. C’est pour cela que je n’entends pas cette justification. Nous méritons d’être entendu.e.s. Nous existons.

Et puis, si vous êtes enseignant.e et que vous voulez mettre à l’aise vos élèves, je vous invite à lire cet article que j’ai réalité grâce à l’aide de ma communauté sur Instagram pour faciliter l’intégration des personnes introverties, vers la création d’un safe space.