La procrastination désigne l’acte de remettre sans cesse à demain ce que l’on peut faire aujourd’hui. Les défenseurs de l’avenir qui appartiendrait à ceux qui se lèvent tôt sont en PLS. Bref, j’ai encore réalisé une petite typologie. Cette fois, elle concerne la procrastination.
Bon. Je me suis encore fait deux ou trois scènes dans ma tête que j’ai eu envie de coucher sur papier virtuel. On les adaptera peut-être un jour en film si je fais fructifier mon réseau et que je deviens la bestah de quelques personnes qui sont du milieu (ça marche toujours comme ça, non ?)
Bon, à défaut de posséder le package « école de la vie » dans mon sac à dos, je vais parler d’un sujet que je maîtrise plutôt bien, à savoir celui de la procrastination.
Voici une petite définition du Larousse pour les personnes qui ne connaissent pas encore le concept, avant que j’oublie (et que je remette à demain, bwhahahaha) :
« Procrastination, nom féminin (du latin procrastinatio, ajournement, de cras, demain) : Tendance à ajourner, à remettre systématiquement au lendemain. »
Larousse.
La procrastination est un truc que je fais assez régulièrement, et à vrai dire, à chaque fois, la non-action me culpabilise encore plus que l’action en elle-même. C’est rageant. Et j’ai parfois si honte. Et comme j’en ai honte, je me suis dit qu’il serait intéressant de partager cette honte, comme d’habitude.
C’est quoi, ton titre de noblesse de la procrastination ?
Le Baron, la Baronne de la Sieste.
Au Royaume de la Sieste, la procrastination est une baronne fière et puissante vêtue d’une lourde couette qui enveloppe tout son corps. Il y a environ 37 réveils actifs sur ton tel, mais force est de constater que tout cela ne te sert à rien, parce que tes priorités n’en sont pas. Mêmes les loirs se demandent comment tu peux dormir aussi profondément, t’observant depuis les combles de ton appartement. Comment ça, il y a un truc à rendre pour demain ? Qu’apprends-je ? Qu’entends-je ? Qu’ouis-je ? La sieste n’est-elle pas la seule activité valable en ce jour béni, dans cette vie faite d’aléas et de déceptions ? Comment ça, on est lundi ?
Le Marquis, la Marquise du Déni.
Ta solide couronne de marquis.e posée sur ton crâne rebelle te fait oublier l’essentiel : ton projet à rendre pour demain, ta déclaration URSSAF, ton statut d’adulte responsable, ces poubelles qui attendent sagement d’être descendues et ce colis qui doit être envoyé depuis janvier. Mais pourquoi se prendre la tête quand on peut aussi se couler un bon bain, bingewatcher cette série jusqu’à 2h du mat, souffler devant les commentaires sexistes qui se trouvent sous les vidéos de Konbini et y répondre alors qu’on sait bien que ça ne sert à rien parce que les gens qui commentent n’importe quoi sur internet ne cherchent pas le débat mais seulement à se décharger car leur quotidien est insipide et sans intérêt ?
Le Lord, la Lady de la Distraction.
Toi, on peut le dire, tu es de bonne volonté. Parmi tous ces autres nobles de la procrastination qui se touchent sans cesse la nouille du lundi au dimanche, tu es la seule personne qui tente de faire l’effort ultime : bouger tes fesses. Le seul souci, c’est que malgré ces bons réflexes… « oh, tiens un papillon ! », tu n’es vite plus concentré.e par l’actu de ta journée, trop occupé.e à observer les chenilles se transformer en chrysalides. Quand vient le moment de terminer ta présentation prévue pour demain à 8h30, tu ressens un besoin irrépressible de nettoyer en profondeur l’évier de ta cuisine ou encore de ranger tes livres par ordre alphabétique. Les priorités.
Le Comte, la Comtesse de la Stratégie.
Au sein de cette cour déjà très fournie, toi aussi, tu te démarques par un certain sens de l’effort. Disons que tu possèdes un don indéniable pour optimiser ton temps… et en faire le moins possible. Glandeur.se devant l’Eternel, tu vas donc élaborer une multitude de stratégies très intelligentes et bien pensées pour ne pas bouger une seule fois ton petit doigt de la journée. Là où on aborde un aspect un peu plus méta de ta situation, c’est que tu mets beaucoup d’énergie pour déployer le moins d’énergie possible. Si tu accordais autant de ton temps à être plus productif.ve, par exemple, tu serais sans doute le nouveau ou la nouvelle boss de Tesla…
Le Duc, la Duchesse de l’Angoisse.
C’est quelque part dans le Périgord que la commune d’Angoisse assombrit nos nuits mouvementées. Angoisse possède un Duc, une Duchesse, qui représente bien le rayonnement de ce village rural au nom très évocateur : toi. Non je déconne : même si Angoisse existe dans la vie réelle, de ton côté, tu es incapable de prêter main forte au moindre village existant. Tu décales déjà à demain des trucs vraiment insignifiants comme vider ton lave-vaisselle ou encore mettre une simple pizza surgelée au four, et tout cela t’angoisse au plus haut point. Même si ces tâches te prendraient 5 minutes, tu ne daignes tout de même pas les faire et à la place, tu trembles au fond de ton lit. Pfff.
Le Prince, la Princesse de l’Urgence.
En fait le truc, c’est que t’es un peu accro à l’adrénaline. D’ailleurs, la principauté de l’Urgence possède un slogan des plus significatifs : « fais bien demain ce que tu dois rendre demain matin dès la première heure, et c’est encore mieux si c’est vingt minutes avant la date butoir ». Oui, c’est un peu long comme slogan, aussi long que le temps consacré à l’élaboration de quelques to do lists pour te dégager du temps efficacement. Que tu ne suis pas. Ah non pardon, on me souffle dans l’oreillette que tu es plutôt du genre à « foncer », et à « y aller au talent ». Le plus drôle dans l’histoire, c’est que tu t’en sors toujours bien. Le monde entier te déteste. Je te déteste. Et je t’admire un peu aussi. Well done, your Majesty.
Le Vicomte, la Vicomtesse du Chill.
Cette deadline t’importe peu : ton but dans la vie est de prendre ton temps au sein même de l’espace temps et des obligations liée à la vie en société. Mais peu importe, ce ne sont certainement pas les autres qui dicteront ta conduite, encore moins le rythme que tu devrais adopter pour le bien commun… Encore faudrait-il que tu en aies quelque chose à faire. C’est quoi cette invention, là, le bien commun ? N’es-tu pas le Vicomte, la Vicomtesse du Chill, après tout ? Le souci, c’est que la vie n’est pas ce long fleuve tranquille dans lequel tu t’évertues à faire la planche toute la semaine et les conséquences te rattrapent bien assez vite… C’est pourtant pas compliqué !
Le Roi, la Reine de la Culpabilité.
Le royaume perdu de la Culpabilité se situe juste à côté des forêts sombres et autres ravins qu’on retrouve à Angoisse. Non seulement le roi et la reine flippent leurs races, mais iels se sentent aussi très responsables de toute non-action commise (enfin non-commise, je sais plus aidez-moi). Tu te sens coupable de remettre cette tâche à demain, mais aussi tu te sens coupable de te sentir coupable de procrastiner, ce qui peut engendrer quelques problèmes dans ton introspection, parce que tu culpabilises aussi de culpabiliser à cause d’autres actions par le passé qui on été des sources bien assez culpabilisantes par la culpabilité qui en a résulté de n’avoir encore rien foutu. Voilà. Bref. On va peut-être s’arrêter là, hein.
Le Chevalier, la Chevalière Perfection.
Tu le sens, tu le sais : si tu ne fous rien, ce n’est pas parce que tu manques de volonté, bien sûr que non. En réalité, tu as peur de tout faire foirer, et cette peur te paralyse le cœur, l’âme, l’esprit, l’arrière-train aussi. Tu passes ton temps à réfléchir à la saveur que peut avoir l’échec. Ecoute, je ne vais pas te mentir, niveau goût, on est plutôt sur un mix choux de Bruxelles, endives au jambon et dentifrice. En somme, ce n’est pas un plaisir gustatif. Mais tu sais, tout ne se réussit pas à tous les coups et tu as aussi le droit de grimacer devant les plats peu ragoûtants que la vie t’offre généreusement. Alors cette fois, essaye. Tu verras… parfois, l’effort vaut le coup. On ne le comprend que plus tard.