Comment s’aimer et s’entraider dans une relation avec quelqu’un qui ne nous ressemble pas du tout ? Il paraît que les opposés s’attirent. Voici 6 conseils pour vous aider à vous épanouir dans les yeux de l’autre, que ce soit dans le cadre professionnel ou dans votre vie personnelle.
Dans ma vie, j’ai longtemps cru que celles et ceux qui ne fonctionnaient pas comme moi m’étaient totalement inaccessibles et que je ne pouvais pas construire de relation avec elles, car elle s’ennuieraient en ma compagnie. Comme si un mur se tenait entre nous et que je n’étais pas en mesure de le briser pour profiter pleinement d’une histoire amicale un peu différente. La vérité, c’est que ce mur, c’était moi et moi seule qui l’avait construit. Les autres parfois aussi, oui. On tombe toujours sur des personnes malveillantes, ou en mauvaise santé. Et hélas, à cause de plusieurs traumatismes, j’ai décidé qu’il était plus judicieux de fermer mon coeur. Ce n’est pas l’idée du siècle.
Je lâchais l’affaire, convaincue que nouer un quelconque dialogue avec mon opposé ne mènerait à rien. Je renonçais, et sur le coup de la frustration, je me surprenais parfois à mépriser l’autre sans chercher à peser le pour et le contre ou essayer de communiquer pour mettre les choses au clair, encore moins pour rationaliser un peu. Je me construisais des montagnes de préjugés dans ma tête alors qu’en réalité, je ne connaissais rien de ces personnes. Je ne cherchais pas à comprendre, quelle erreur.
Mais la faute est partagée, impossible d’endosser toute la responsabilité de ces relations avortées. Si vous êtes également une personne introvertie, vous avez sans doute déjà été la cible de nombreux jugements à votre égard, et force est de constater que je n’y ai pas échappé non plus. Tout le monde a donc sa part de culpabilité lorsque la mésentente est palpable, personne n’est tout à fait innocent.e, inutile de se dédouaner de quoi que ce soit. Et même si nous ne pouvons pas tisser des liens très forts avec tout le monde, nous avons au moins la possibilité d’apprendre à cohabiter dans le respect et l’écoute mutuelle. Mais pour ça, il faut y mettre du sien.
Vivre avec son double, une bonne idée ?
Depuis quelque temps, j’essaie de me représenter un hypothétique quotidien en compagnie d’un clone de moi-même. Vous me direz certainement qu’on doit en avoir un avant-goût en faisant l’expérience de vivre avec soi. Justement : le truc, c’est que j’arrive facilement à m’agacer. J’aimerais parfois me secouer lorsque je procrastine trop. Je voudrais souvent me mettre quelques baffes parce que je suranalyse à outrance mon environnement et m’imagine toujours le pire (même si ça tend à s’améliorer). Et puis, je voudrais quelquefois me réprimander pour avoir encore oublié de vivre l’instant présent alors que je viens de passer une journée magnifique. Ou je m’auto-flagelle pour m’être emportée avec entêtement parce que j’ai entendu quelque chose qui ne rentrait pas dans mon système de valeurs interne. Quel casse-tête.
Mais il ne s’agit que de moi, alors ça va encore : je peux essayer de me contrôler et de me rendre à l’évidence toute seule. Mais que ferais-je si une autre humaine devait vivre à mes côtés tous les jours de l’année, une humaine parfaitement identique à moi, mais dont le comportement et les décisions échapperaient à mon contrôle ? Hé bien je crois que le quotidien serait très rapidement explosif. Nous pourrions nous comprendre sur un bon nombre de choses, comme sur l’intensité de nos émotions. Mais je crois que notre relation pourrait être très vite conflictuelle, car on se tirerait mutuellement vers le bas. On passerait tout notre temps à débattre de tout et de rien, on se mettrait ensuite à pleurer en cas de scission avant de se faire la gueule pendant trois semaines, attendant qu’un médiateur vienne pour tenter de dissoudre les malentendus. Jusqu’à la prochaine fois. Je suis trop complexe pour vivre avec une deuxième personne aussi complexe que moi.
Je vis avec quelqu’un de différent de moi
et c’est une expérience enrichissante
Heureusement, le monde est peuplé de nombreuses personnes qui sont toutes très différentes les unes des autres. Et si j’emploie le mot heureusement, c’est parce que j’ai compris récemment qu’en réalité, j’adorais me retrouver en compagnie de personnalités dont le fonctionnement n’était pas du tout le même que le mien, à condition bien sûr que nous en discutions et que nous apprenions à faire quelques concessions, c’est important.
D’ailleurs, je vis avec une personne très différente de moi dans la globalité, quand on y pense. Nous avons des goûts et des aspirations similaires et nous adorons discuter et développer des idées un peu farfelues ensemble. Et puis, cette personne est aussi introvertie que moi, ça fait du bien d’être comprise. Mais ce qui change, c’est qu’elle n’entretient pas le même rapport que moi avec son environnement. Je suis une personne très sensible et empathique, il rationalise beaucoup ses émotions et essaie de voir le sens logique dans chaque chose qui l’entoure, et puis, les émotions des autres ne le touchent pas plus que ça alors que moi, je me fais un sang d’encre pour absolument tout le monde. Sans parler du nombre incalculable de films que je me fais sur ce qui pourrait arriver : rien n’est très rationnel. Lui, à l’inverse, aura tendance à se représenter ce qui pourrait probablement arriver, en toute logique. De mon côté, je m’extasie pour tout et pourrais écrire des textes entiers au sujet d’un simple coucher de soleil, lui aura tendance à relever vaguement la beauté du ciel avant d’hausser les épaules et de retourner à ses précieuses occupations, comme « qu’est-ce qu’on va bien pouvoir manger ce soir ? »
Est-ce qu’on s’entend bien ? Oui ! Je sais que je ne pourrai jamais lui parler de ce magnifique recueil de poèmes que je viens de lire sans le voir bailler, que mes émotions le dépassent bien souvent parce qu’elles sont selon lui dépourvues de toute logique et qu’à l’inverse, je ne comprendrai jamais comment il parvient à rester aussi calme et patient devant certaines situations liées au quotidien, ou son besoin de trouver une réponse logique à tout. Mais il fait l’effort de rentrer dans mon monde de petite créature émotionnelle, fait d’ébranlements, de chocs et d’élans enthousiastes : il apprend d’ailleurs peu à peu à s’émouvoir de la beauté de certaines choses, se poser, et regarder attentivement autour de lui. Et moi, j’arrive petit à petit à devenir plus rationnelle et à me calmer en cherchant mes inclinaisons logiques qui se trouvent tout au fond de moi. Et cette nouvelle façon de rationaliser me fait beaucoup de bien au moral, vraiment.
Nous nous complétons, donc. Mais nous nous complétons sans nous changer pour autant. Au contraire, nous nous aidons à apprendre et à grandir pour devenir de meilleures versions de nous-mêmes. Je n’ai pas changé. Lui non plus. Nous élargissons juste nos zones de confort, et c’est très intéressant comme expérience.
Il en va de même pour l’opposition entre ces deux fameux extrêmes, l’extraversion et l’introversion, sujet principal de cet article.
Oui, je crois très fort à cette alliance et à tout ce qu’elle pourrait engendrer de positif dans nos rapports humains. J’ai la conviction que les extraverti.e.s notoires ont tout intérêt à créer des liens avec les introverti.e.s de leur entourage pour canaliser leur soif d’échanges humains qui les caractérise et leur besoin de tout verbaliser, tout le temps. Et à l’inverse, je pense que les introverti.e.s devraient pouvoir compter sur les extraverti.e.s pour exprimer à bon escient toute leur énergie intérieure et prendre enfin cette place qui leur revient.
Le tout, c’est de comprendre que nous avons tou.te.s, qui que nous soyons, des tas de qualités et la possibilité de nous compléter en cas d’alliance, peu importe le domaine, qu’il soit professionnel ou bien plus personnel et que pour construire une quelconque relation, on peut mettre de l’eau dans son vin tout en restant soi-même.
C’est plus simple qu’il n’y paraît, promis. TOUT EST POSSIBLE.
1. Non, tout le monde ne fonctionne pas comme vous, et heureusement : acceptez-le.
C’est, je crois, le point le plus important de cet article : acceptez les différences des autres. Tout le monde ne peut vraisemblablement pas fonctionner comme vous. Que vous soyez un être sensible ou à l’inverse une personne qui aura tendance à raisonner ses élans émotionnels, votre manière d’agir et de ressentir les choses ne doit pas être pour vous un modèle standard à suivre, et vous n’avez pas à demander à quelqu’un de changer sous prétexte que vous ne comprenez pas ses réactions.
Car quand on aime travailler et vivre avec quelqu’un, on n’essaie pas de le/la changer. On avance avec cette personne, en acceptant qui elle est, de A à Z. Et vous non plus, vous ne voudriez pas que l’on essaie à tout prix de vous changer, je le sais.
Vous avez bien entendu le droit de ne pas tout comprendre – notre statut d’humain.e ne nous permet pas de réaliser cet exploit là – mais vous pouvez apprendre à ACCEPTER ces autres caractères, même s’ils vous échappent. Par exemple, dans mon cas, je ne comprends pas ce besoin qu’ont certain.e.s de passer des week-end entiers à faire la fête. Je frôle la crise d’angoisse rien qu’en pensant à ces soirées overblindées de monde sur de gros bateaux avec du champagne partout et une chanson de Pitbull en fond sonore. Mais si ces personnes font le choix d’organiser des soirées type projet X tous les week-ends chez elles, grand bien leur fasse : franchement, ce n’est pas mon problème, ce n’est pas comme si ça changeait quelque chose dans ma vie, tant qu’elles s’éclatent, je suis ravie pour elles. Et tant qu’on ne m’invite pas, bien sûr.
Autre cas de figure, certaines personnes ne seront pas aussi sensibles que vous aux injustices de ce monde… tant qu’elles ne les vivront pas directement. Il suffit d’observer le comportement d’une bonne partie de la population face à l’actualité de ce mois de juin pour le constater, je n’en dirai pas plus à moins que l’envie de créer un blog politique me prenne un jour. À l’inverse, d’autres personnes, très affectées par les événements malheureux de ce monde feront de leur système de valeur personnel une impulsion, un moyen d’agir pour le bien de la société.
Il y a aussi dans ce monde des êtres créatifs, qui s’inspirent de toute la beauté qu’ils et elles trouvent pour créer des choses qui auront un sens esthétique et émotionnel à leurs yeux, et d’autres personnes qui à l’inverse s’enthousiasmeront pour des choses plus concrètes et plus utiles selon elles.
Il en va de même pour le niveau d’introversion et d’extraversion. Vous avez besoin de parler et d’échanger et ça ne vous fatigue pas ? Cette personne en face de vous ne ressent pas du tout ce besoin, elle apprécie le calme, c’est ce qui lui permet de gagner de l’énergie, contrairement à vous : il convient de l’accepter.
À l’inverse, si votre partenaire ou collaborateur.ice est extravertie, il ou elle aura besoin de contacts, d’échanges, de discussions, de moyens d’expression : il ou elle est comme ça et pas autrement. Plus qu’à trouver des compromis des deux côtés !
Petit exemple issu d’un épisode arrivé dans ma vie professionnelle. Je venais d’arriver dans une société qui vivait un contexte un peu difficile. À peine là, j’ai très vite senti un décalage entre les autres employé.e.s et moi : je devais être leur responsable et le contexte, qui était déjà suffisamment compliqué comme ça, ne me mettait pas dans une situation très avantageuse. J’étais perçue comme l’outsider du bureau et non comme une véritable alliée.
Le truc, c’est que je suis introvertie (vous savez depuis le temps). J’ai donc du mal à me faire une place rapidement au sein du groupe si on ne me tend pas la main, car je ne suis pas du genre à m’imposer et à prendre toute la place. J’observe mon environnement avant d’agir, et dans ce cas précis, ça ne jouait pas en ma faveur.
Mais problème de taille : pour ne rien arranger, malgré mon introversion, j’ai besoin d’échanges. Professionnellement, pour que je m’épanouisse, je dois sentir que je peux tout dire sans être jugée, que je peux créer des liens professionnels plus profonds et que mes paroles auront de l’impact sur les autres. Bref, je dois sentir que la porte est ouverte. C’est la SEULE manière pour moi d’agir avec naturel et me lâcher. Malheureusement, le groupe en face de moi n’était pas du tout réceptif et je me suis rapidement sentie isolée. Émotionnellement, ça a été très difficile à vivre et mon état se répercutait sur ma vie personnelle.
Difficile pour moi de séparer complètement ma vie professionnelle de ma vie personnelle, d’ailleurs. Mon moi professionnel, je le vois plutôt comme une extension de ce que je suis réellement. C’est sans doute pour ça que j’ai mal vécu cette expérience.
Alors, j’ai demandé à m’entretenir avec mon supérieur pour lui expliquer le malaise permanent ressenti. Il n’a pas du tout compris ma réaction et mon besoin de validation, partant du principe que dans le monde professionnel, on n’était certainement pas là pour se faire des ami.e.s et que je devais apprendre à la jouer solo pour me blinder, sinon ma vie serait vite compliquée.
Je crois sincèrement qu’il a voulu bien faire en me donnant ce conseil. Mais entre nous, je ne comprenais pas (et ne comprends toujours pas) ses arguments. Je crois en l’impact et à la force du savoir-être, à l’entraide, aux encouragements, au pouvoir des conversations. Je ne vois pas le monde comme une jungle où il faudrait que chacun vive pour soi, dans son coin. Pourtant, c’était sa manière d’avancer et je la respectais, même si elle me dépassait. Mais en tant que manager, j’aurais apprécié qu’il se mette à ma place quelques instants et qu’il me dise « je ne comprends pas forcément ce besoin que tu as, mais si c’est de ton bonheur et de ton épanouissement professionnel qu’il s’agit, on va peut-être faire quelque chose pour t’aider à repartir sur de bonnes bases ».
Conclusion :
Ce n’est pas parce que vous ne comprenez pas un mode de fonctionnement que vous devez l’ignorer ou estimer que cette façon d’être n’est pas conforme à ce que la société attend de vous et des autres. Chacun possède sa propre énergie, et vous devez faire avec. Imaginez ce monde comme une palette composée de milliers et de milliers de couleurs différentes, toutes belles à leur façon…
2. Tout n’est pas tout blanc et tout n’est pas tout noir, dans la vie.
Non, vous ne trouverez jamais un seul être complètement extraverti ou complètement introverti. Ce n’est pas possible, l’être humain est bien plus complexe que ça. Il en va de même pour tout le reste. C’est pour cette raison que l’on a spécifié qu’il existait des personnalités plutôt « ambiverties », c’est-à-dire qu’elles ne se retrouvent totalement dans aucune des deux cases. En réalité, elles ne savent pas trop ce qu’elles sont, elles se plaisent à dire qu’elles se situent donc entre les deux. Elles aiment autant la solitude que les autres. Elles aiment plonger dans leur monde intérieur et puiser leur énergie dans vos yeux et vos paroles. Et puis, ces étiquettes, elles ne seraient pas un peu fatigantes à porter au bout d’un moment ?
À titre personnel, je me suis toujours sentie introvertie. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai créé cet espace, parce que je voulais que l’on nous rende un peu plus justice. Mais je dois vous dire que j’adore aussi sortir. Autrement c’est vrai et pas pour les mêmes raisons qu’une personne extravertie, mais j’adore partir à l’aventure, par exemple. Et discuter, beaucoup discuter. J’aime rencontrer des gens, leur envoyer des messages, refaire le monde avec certain.e.s, et je pourrais parfois parler toute la nuit (jusqu’à fatigue sociale, mais c’est pas parce que je fatigue vite que je ne passe pas un bon moment). Vous voyez, on pourrait croire que je suis une mamie qui passe la majorité de son temps enfermée chez elle, et je ne vous en voudrais pas parce que c’est humain de se faire des idées sur quelque chose que l’on ne connaît pas, je n’y échappe pas… mais non, je ne suis pas une mamie. Pas encore. Rendez-vous dans 50 ans si nous sommes toujours là.
À l’inverse, on va se dire qu’une personne extravertie ne réfléchit jamais et qu’elle se situe uniquement dans l’action. C’est faux. J’ai croisé énormément de personnalités extraverties qui avaient elles aussi parfois besoin de s’isoler, j’ai pu constater que certaines avaient très bien vécu le confinement, par exemple. Et puis, j’ai pu rencontrer des personnes extraverties passionnantes, de celles qui savaient parfaitement observer et analyser leur environnement, intelligentes et talentueuses, à l’écoute, et parmi elles des êtres sensibles, dotés d’une capacité introspective remarquable… La seule différence, c’est que ces extraverti.e.s exprimeront plutôt tous ces traits de caractère oralement. L’énergie se situe vers l’extérieur, c’est normal.
Conclusion :
Vous voyez, vous ne pouvez pas juger un livre à sa couverture, c’est trop facile. N’oubliez pas non plus que les autres vous montrent bien souvent ce qu’ils ou elles veulent bien vous montrer. Vous pouvez être agréablement (ou désagréablement) surpris.se par le vrai visage qui se cache derrière un faux-self qui prendra plus ou moins de place en fonction des individus.
3. Apprenez à communiquer, toujours et encore, encore et toujours !
Maintenant que vous avez pris conscience de toutes ces choses primordiales que j’ai pu énoncer ci-dessus, nous pouvons passer à l’étape cruciale : celle de la communication. Elle peut être vue comme un véritable défi lorsqu’elle implique deux personnes qui puisent chacune leur énergie différemment : l’une à l’intérieur d’elle-même et l’autre à l’extérieur, en compagnie des autres.
Pourtant, ce que nous nous représentons comme étant une barrière infranchissable n’est en réalité rien de tel. Au contraire, la communication peut être non seulement plus fluide qu’on se l’imagine, mais elle est aussi et surtout SALVATRICE. La communication, nécessaire, peut débloquer des situations que nous pensons désespérées. Je suis d’ailleurs convaincue que si j’avais davantage pris le temps de communiquer avec certaines personnalités extraverties que j’ai eu l’occasion de croiser dans ma vie, certains liens auraient pu être profondément enrichissants et j’aurais pu apprendre beaucoup de choses… Tout le monde fait des erreurs.
Désormais, ne vous braquez plus. Mais si à présent vous comprenez bien que nous sommes tou.te.s différent.e.s et que nous ne pouvons pas changer les autres, cette étape devrait être très simple à mettre en application à l’avenir.
Dans le cas où vous ne comprenez pas les silences et le repli d’une personne introvertie, essayez tout simplement de rentrer dans son monde en lui posant les bonnes questions. Avec cette personne, nul besoin de vous contenter de parler du temps qu’il fait ou de tailler une collègue ouvertement, ça ne fonctionne pas comme ça. Vous pouvez dès à présent passer à l’étape supérieure : rebondissez sur ses passions, parlez de culture, de sujets rassembleurs, interrogez. Le plus souvent, vous pouvez très vite voir des changements qui s’opèrent chez la personne discrète qui se trouve en face de vous. Elle sera plus ouverte, plus réceptive, et vous pouvez vite vous trouver des points communs, vous en avez forcément ! En revanche, ne la forcez à rien et laissez les choses venir à vous progressivement : elle ne vous fera pas confiance tout de suite, laissez du temps au temps.
Et si vous voulez comprendre son introversion, ne lui demandez pas à tort et à travers pourquoi elle ne parle pas. C’est impoli et je pense que cette personne introvertie a déjà entendu cette phrase toute sa vie, elle sait très bien qui elle est depuis le temps. À la rigueur, vous pouvez lui demander si vous la mettez à l’aise et lui laisser la parole le plus souvent possible, surtout si vous travaillez avec elle : elle doit avoir l’habitude qu’on ne la consulte pas, surtout si c’est une introverti.e qui ne l’assume pas encore tout à fait.
Si au contraire, vous voulez établir le dialogue avec une personne extravertie, sachez qu’elle en sera ravie, la plupart du temps ! Laissez-la s’exprimer et écoutez-la aussi. N’hésitez pas à dire si certaines situations vous mettent mal à l’aise ou si vous avez besoin de temps et de repos pour vous retrouver, essayez de la sensibiliser à votre introversion et dans le cas où la personne serait sensible, prenez bien le temps de préciser que votre besoin de solitude n’a rien de personnel et que vous l’appréciez beaucoup.
Souvent, les extraverti.e.s ne nous comprennent pas et pointent du doigt notre façon d’être parce qu’il et elles ne sont pas déconstruit.e.s à ce sujet, et notre société se charge régulièrement d’assimiler l’introversion à des traits négatifs. Alors ne vous emportez pas et comprenez que tout le monde ne puisse pas être parfaitement à jour à ce sujet, l’introversion étant un sujet très peu abordé en France. Au lieu de ça, informez-les en leur expliquant bien que l’introversion est un trait de caractère comme un autre, qu’elle implique aussi de nombreuses qualités et que nous pouvons chacun.e nous entraider et nous donner la main malgré nos différences. Je vous recommande aussi de leur partager des articles ou des vidéos sur la thématique.
Conclusion :
Je le répète encore et encore : ces différences peuvent être une force et c’est en faisant part de ses impressions, de ses motivations et de ses envies que l’on peut avancer ensemble. Si tout le monde intègre les besoins de chacun, on peut déjà éloigner tout éventuel malentendu.
4. Laissez-vous porter par la magie des points communs.
Deux personnalités qui possèdent des sources d’énergie opposées peuvent se ressembler bien plus qu’on ne le pense. Ok, vous êtes un.e incorrigible introverti.e et aimez profondément la solitude, et cette personne en face de vous se nourrit et s’épanouit en compagnie de ses pairs. Vous ne fonctionnez pas de la même façon à ce niveau-là, c’est un fait.
Mais avez-vous déjà essayé de creuser un peu ? Ce n’est pas parce qu’on est introverti.e que l’on est une coquille vide de tout sentiment. Ce n’est pas parce qu’on est extraverti.e que l’on ne sait pas observer et s’enthousiasmer pour les belles choses qui font partie de notre quotidien et que l’on est incapable de tenir des conversations profondes.
Prenez bien soin d’écouter les autres et vous comprendrez vite que le lieu où vous puisez votre énergie n’est qu’anecdotique, finalement. Par exemple, j’adore discuter avec les personnes extraverties qui théorisent tout, qui ont un esprit critique très développé et qui s’intéressent aux petites choses de la vie, même les plus minimes. À partir du moment où je sens que la personne en face de moi est ouverte à toutes les discussions du monde, je vais petit à petit être fidèle à moi-même, indépendamment de son niveau d’introversion ou d’extraversion. Mieux que ça, je ressens une magnifique connexion qui s’établit, une connexion qui ne s’opère pas forcément avec certaines personnalités plus introverties par exemple, avec lesquelles je sais que le courant a peu de chances de passer, quoi qu’il arrive…
Et puis, j’ai une affection particulière pour les personnes sensibles, surtout les artistes, parce qu’elles vivent dans leur monde et le rendent plus beau, je sens qu’on aurait des tonnes de conversations merveilleusement belles et édifiantes, et je trouve ça très intéressant lorsque je tombe sur une personne extravertie, parce que ça me permet de comprendre comment une personne qui canalise et trouve son énergie dans les rapports humains voit le monde, de ses propres yeux. C’est édifiant. Ça nous offre de nouvelles perspectives à explorer.
Conclusion :
En réalité, je ne tiens pas tellement compte du niveau d’introversion et d’extraversion dans mes rapports avec les autres. Par contre, le niveau de sensibilité ou bien d’ouverture d’esprit me séduit toujours énormément. Et puis, c’est toujours très rafraîchissant de se retrouver en compagnie d’une personne extravertie ET sensible. C’est un très beau mélange.
5. Entraidez-vous au quotidien en restant comme vous êtes et en mesurant toutes les qualités de l’autre.
Vous avez tout à gagner en tissant des liens avec cette personne qui fonctionne autrement, et en y réfléchissant bien, c’est plutôt simple. Vos deux personnalités très différentes sont aussi deux moyens d’apporter dans votre relation une stabilité relationnelle, une complémentarité certaine et aussi… son lot de surprises, car vous avez tant à apprendre ensemble.
L’introverti.e, c’est l’oreille attentive. Discutez avec cette personne, elle aura toujours quelque chose d’enrichissant à vous dire et fera ressortir le meilleur de vous-même, dans une démarche d’écoute active. De toute évidence, elle vous comprend mieux que quiconque et apporte toujours des solutions auxquelles vous n’auriez jamais songé grâce à son tempérament réfléchi et à sa capacité naturelle d’analyse et d’introspection. Par ailleurs, avoir un.e introverti.e avec soi, c’est aussi la possibilité d’avoir des conversations plus profondes que d’habitude, de descendre encore plus loin dans votre propre intérieur et de vous poser de nouvelles questions sur la vie et sur vos rapports avec les autres. À noter que la créativité caractéristique chez certain.e.s introverti.e.s peut considérablement vous aider dans la réalisation d’un projet, par exemple, et vous donner à votre tour de l’inspiration et vous apprendre à élargir votre zone de confort.
L’extraverti.e donne vie à vos talents secrets. L’ingrédient qui manque bien souvent à l’accomplissement de soi chez une personne introverti.e, c’est sa prise de conscience de ses potentialités, de ses talents, de sa propre richesse pour les mettre en évidence. Bien souvent, nous exerçons nos talents sans les montrer à d’autres personnes : comment voulez-vous que les autres nous connaissent mieux si nous gardons tout pour vous ? Être en compagnie d’une personne extravertie bienveillante et désintéressée, c’est l’assurance de pouvoir se sentir légitime à un moment ou un autre, et cette sensation nous pousse inévitablement à nous révéler davantage, tel.le.s que nous sommes, bien sûr, c’est très important… Et nous sommes rarement déçu.e.s du résultat. C’est toujours gratifiant et souvent, on réalise après coup l’effet que l’on peut faire sur les autres !
L’introverti.e analyse et observe. Ce qui caractérise une personne introvertie, c’est aussi sa capacité naturelle à analyser ce qui l’entoure. Parfois, le silence vaut mieux que mille mots : en ayant la patience d’observer les relations entre les autres, de pouvoir analyser certains comportements et toute la partie indicible des relations humaines, nous nous ouvrons vers un autre monde, nous percevons enfin toutes ces choses que nous ne voyons pas habituellement “à l’oeil nu”. Parler et agir sont une chose, mais nous négligeons bien souvent l’importance de tout mettre sur pause, de s’arrêter un moment d’agir pour observer l’environnement dans lequel on évolue. Une façon de prendre du recul sur celui-ci pour mieux agir à l’avenir.
L’extraverti.e vous aide à vous ouvrir vers d’autres horizons. Pour les personnalités extraverties, ce sont les actes qui les forgent, mais surtout les liens qu’elles entretiennent avec les autres, qui peuvent se révéler très riches et très stimulants. Quand on est introverti.e. nos camarades extraverti.e.s peuvent être de véritables bouffées d’oxygène à certains moments. Une petite baisse de régime et envie de discuter avec d’autres humain.e.s ? Vous pouvez appeler votre ami.e extraverti.e pour vous retrouver attablé.e avec ses ami.e.s quelques minutes plus tard. L’occasion d’élargir un peu votre zone de confort et de vous ouvrir à d’autres perspectives, le temps d’une soirée, d’une journée, d’une petite heure, et de cesser de vous prendre la tête quelques minutes. Au lieu de garder vos ressentiments pour vous et refuser de demander de l’aide si vous en avez besoin, cette alternative peut vous apporter plus que vous ne le croyez.
L’introverti.e calme le jeu et tempère chaque situation. L’une des principales qualités de l’introverti.e, c’est de savoir faire la part des choses et de calmer le jeu quand l’occasion s’y prête, lorsque les extraverti.e.s les enveniment parfois avec leurs mots pas toujours mesurés balancés sans réfléchir. Faire équipe avec une personne introvertie, c’est aussi faire l’exercice de la maturité : on réfléchit avant de faire quoi que ce soit, on anticipe et on agit avec mesure et recul s’il le faut.
L’extraverti.e, l’atout audacieux. Combien de fois les personnalités introverties ont-elles pu envier l’attitude audacieuse de certain.e.s extravertie.s ! Leur aptitude à parler sans filtres, à l’aise dans n’importe quelle situation, la facilité déconcertante que certain.e.s ont pour aborder les autres le plus naturellement possible, à avoir les mots qu’il faut au bon moment… tout ça peut parfois même nous énerver, tant cela semble simple pour ces personnes, alors que nous, nous peinons à nous faire accepter. Pour les introverti.e.s, c’est souvent très compliqué à gérer et à assumer, tout ce laisser aller. Pourtant, l’influence d’un extraverti.e peut apporter un vrai plus et un petit quelque chose en plus à notre quotidien.
Conclusion :
Parfois, il faut se laisser aller et vivre l’instant présent, sans essayer de contrôler quoi que ce soit, juste rentrer dans la relation. La plupart des extraverti.e.s avec qui j’ai pu tisser de très beaux liens dans ma vie avaient tendance à agir avec davantage de calme en ma compagnie, et à l’inverse j’osais un peu plus prendre des initiatives à leur contact. Comme si une balance invisible parvenait à stabiliser et à immortaliser ce lien créé entre deux personnes globalement très différentes.
6. Gardez vos jugements pour vous…
Dernier point et pas des moindres : vous n’êtes pas obligé.e de juger à voix haute ou d’émettre une critique avec virulence à l’égard de cette personne qui vous fait face. Déjà parce que vous ne connaissez pas forcément son niveau de sensibilité, également parce que vous ne connaissez pas son vécu et l’impact qu’ont pu avoir ses expériences (et ce genre de paroles, aussi) sur elle, et puis aussi parce que vous n’êtes personne pour évaluer si oui ou non sa manière de fonctionner envers vous ou envers les autres est assez mature, légitime ou que sais-je d’autre.
Au lieu d’enfoncer le clou et d’attiser des tensions à partir d’affirmations sans fondements – je le rappelle encore, elles ne viennent que de votre propre champ de compréhension, donc elles manquent cruellement d’objectivité – posez-vous les bonnes questions ou trouvez des compromis.
Si vous estimez que cette personne devrait s’ouvrir un peu plus, ne lui dites pas « hey, ouvre-toi bon sang t’es chiant, là » mais interrogez-la. « L’environnement ne te convient pas ? Il y a quelque chose que tu voudrais que je fasse pour que tu te sentes mieux ? ». À l’inverse, si vous êtes introverti.e et que cette personne extravertie parle beaucoup ce matin et que vous n’êtes pas bien réveillé.e, ne lui dites pas « oh, tu parles trop, t’es gonflant.e, c’est tout les matins comme ça » mais plutôt « ce que tu dis a l’air intéressant mais est-ce qu’on pourrait en discuter plus tard ? je ne suis pas très réveillé.e là, mais promis on en discute après si tu veux bien ? »
Il en va de même lorsque vous vous attaquez à la nature profonde d’une personne : elle n’a pas choisi d’être à comme elle est. Ce serait tellement simple si avant notre naissance, nous pouvions choisir nos traits de caractère comme dans les Sims, évidemment. Mais le fait est que ce n’est pas le cas dans la vraie vie et que nous ne sommes pas des Sims, même si parfois j’ai un sérieux doute quand je vais chercher un truc dans ma salle de bain et que j’ai oublié pourquoi je suis rentrée dans cette pièce.
Si vous trouvez que cette personne est trop « théâtrale » et qu’elle prend trop de place, interrogez-vous au lieu de lui coller l’étiquette de la relou de service, menez votre enquête ! Elle est sans doute extravertie, donc elle a besoin de se nourrir et de recharger ses batteries au contact des autres, elle est comme ça, POINT. Ne serait-ce pas une carapace pour se protéger, un rôle qu’elle joue parce qu’elle aime bien étudier les réactions des autres ? Une manière détournée de chercher la validation de la part de ses pairs parce qu’elle veut tout simplement – quel crime WOW ! – se sentir acceptée et intégrée à ce groupe ?
Et si vous trouvez cette personne trop renfermée, elle est donc peut-être introvertie. Elle est sans doute fatiguée après être restée trop longtemps en compagnie d’autres personnes, elle a peut-être été coupée plusieurs fois au moment de parler, elle est peut-être en train d’analyser son environnement avant d’essayer de s’ouvrir. Alors ne commencez pas à lui faire des reproches. Vous ne savez pas à quoi elle pense.
Conclusion :
Si vous souhaitez en savoir davantage, rapprochez-vous de cette personne, rentrez dans son monde, sans aucun jugement, je le redis pour la énième fois. Analysez-la avant d’agir comme vous pensez qu’il serait bon d’agir parce que pour vous, c’est normal. Ce qui est normal pour vous ne l’est pas forcément pour les autres, et inversement, ce que vous trouvez étrange ne l’est pas forcément pour celles et ceux qui sont avec vous.
Vous n’êtes qu’un être humain, et être humain, c’est aussi se tromper, beaucoup se tromper. Et pour avancer, je crois qu’il est important de le reconnaître une bonne fois pour toutes.