Nous, introverti.e.s, avons un rêve : que vous nous disiez toutes ces belles phrases un jour. Lesquelles ? À vous de les découvrir…
Ce n’est pas un scoop : la plupart des personnes qui ne sont pas introverties ou peu sensibilisées à l’introversion ne comprennent pas toujours notre tempérament et encore moins nos besoins.
Ces mêmes personnes n’hésitent pas à nous faire régulièrement remarquer qu’il faudrait peut-être “sortir de notre zone confort” ou encore “forcer notre nature”. Magnifique, cette dernière expression.
Forcer sa nature… petite définition : « se contraindre, aller à l’encontre de soi-même ». Un bel exemple d’épanouissement de soi, une certaine idée du bonheur pour une santé mentale exemplaire. Yes.
Je parle au nom de toutes les personnes introverties parce que je suis certaine qu’elles seront d’accord avec moi : on ne vous demande pas de nous comprendre, simplement de nous accepter, tout comme nous le faisons avec vous, même lorsque vous parlez parfois un peu trop fort à notre goût ou que vous nous coupez la parole pendant que l’on essaie de s’exprimer.
On rêve de pouvoir entendre les 13 phrases qui vont suivre de votre bouche, pour nous rassurer, nous prouver votre acceptation, votre intérêt et votre amour pour nous.
Puisse ce petit memento vous servir et vous guider vers l’acception de nos différences…
1. “Tu ne veux pas venir ? Ne t’en fais pas, c’est pas grave, passe une bonne soirée, on ira boire un café une prochaine fois !”
Règle n°1 : Ne jamais forcer une personne introvertie à sortir. Ou à faire quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs. Cette règle, gravez-là quelque part dans un coin de votre cerveau, parce qu’elle est indispensable pour une relation saine et enrichissante. Non, c’est non. On en revient à la question cruciale du consentement, et cette personne que vous noyez de messages pour qu’elle vienne ce soir n’a encore rien accepté. Elle est peut-être même gênée et elle n’osera pas vous dire non sous la pression. Alors elle viendra par dépit et on sait ce qui se passe lorsqu’elle vient pour vous faire plaisir : on la retrouve le regard perdu dans le vide, désespérée ou noyée par l’ennui.
Si elle n’a pas envie ou qu’elle ne se sent pas à l’aise à l’idée de rester attablée dans un bar parmi des inconnu.e.s, n’insistez donc pas. Dans le cas inverse, vous instaurez une tension qui n’a pas lieu d’être et vous forcez votre proche à vous mentir et à enchaîner les excuses auxquelles vous ne croirez plus au bout d’un moment, de toute façon.
Si cette personne sait dire non et qu’elle décline votre offre de sortie, il ne faut pas le prendre personnellement non plus : elle n’a rien contre vous, c’est juste qu’elle ressent le besoin de recharger ses batteries à sa manière. Vous retrouvez votre énergie dans les interactions sociales, elle gagne la sienne dans la solitude. C’est comme ça, alors respectez cette différence.
2. “Je sais bien que tu n’es pas timide !”
Si vous saviez à quel point être qualifié.e de timide lorsqu’on est simplement introverti.e peut-être énervant et frustrant ! Déjà parce que la plupart du temps, le ton employé relève une forme de négativité, une forme de reproche, alors que la timidité n’est pas quelque chose que l’on devrait condamner. Mais aussi parce qu’on ne se reconnaît pas dans le terme.
Ne confondez pas deux mots et deux définitions qui ont chacune leur subtilité : la timidité est la peur du jugement des autres et des relations sociales. L’introversion est un état d’esprit, un besoin de solitude inhérent à notre personnalité. Les deux peuvent être combinés, bien sûr, mais la plupart du temps, l’un prend le dessus sur l’autre.
Par ailleurs, vous ne changerez pas l’attitude des personnes concernées par la timidité en leur disant bien fort et devant toute une assemblée à quel point elles sont timides. C’est humiliant dans le meilleur des cas, ça ne fait rien avancer. Une personne timide SAIT TRÈS BIEN qu’elle est timide. Peut-être qu’elle déploie toute son énergie pour la maîtriser et aller de l’avant, et vous ne le savez pas. Peut-être qu’elle complexe, peut-être qu’elle voudrait que l’on cesse de lui coller cette étiquette une bonne fois pour toutes, parce qu’elle est bien plus que ça. Cette fois, valorisez la personne merveilleuse qu’elle est.
3. “C’est comme ça que je t’apprécie, ne change surtout pas, reste toujours comme tu es”
Ce que les personnes introverties recherchent dans une relation amicale, c’est l’acceptation de ce qu’elles sont avant tout. N’est-ce pas d’ailleurs ce que tout le monde recherche, vous compris.e ? Elles, qui peinent souvent à se faire des ami.e.s et à se créer un cadre social aussi fourni que celui des extraverti.e.s sont beaucoup plus regardantes sur votre aptitude à les aimer pour ce qu’elles sont. Ne leur demandez jamais de changer, de faire semblant, de porter un masque : c’est la meilleure façon de perdre un.e ami.e.
À titre personnel, je n’ai jamais renoncé à être qui j’étais réellement, même si parfois, j’ai tenté quelques trucs, sans succès. J’ai certaines fois, comme bon nombre d’introverti.e.s, été parcourue de doutes : fallait-il que je change pour que l’on m’aime ? Mais ça n’avait aucun sens, parce que je voulais être aimée pour ce que j’étais, et non pour le masque que je m’étais confectionné.
4. “Ne te force pas, je comprends.”
Aussi, ne forcez jamais une personne introvertie de votre entourage à faire quelque chose : aborder quelqu’un dans la rue, aller faire un karaoké et la forcer à participer, prendre la parole en public, passer sa journée à faire du “réseautage”, gérer ses affaires d’une façon plutôt que d’une autres… Bref, foutez-lui la paix. Elle ne vous impose rien, elle, de son côté. Faites de même.
Vous voulez peut-être bien faire en prodiguant vos conseils, mais lorsque ces mêmes conseils ne sont pas sollicités et qu’ils sont très insistants, c’est agaçant. Laissez les autres vivre leurs propres expériences et laissez-leur aussi et surtout le droit à l’erreur. Le schéma de vie de votre ami.e n’est pas le vôtre et oui, on peut être épanoui.e et accomplir quelque chose sans passer par les détours que vous plébiscitez tant.
5. “Non, il n’y a rien qui cloche chez toi !”
Lorsqu’elle n’a pas accepté sa sensibilité si unique, ni appris à apprécier le gros potentiel de sa nature, la préoccupation première d’une personne introvertie restera la même : “qu’est-ce qui cloche chez moi ?” Une question récurrente qui trouve ses origines dans les bancs de l’école.
Mon enfance a été ponctuée d’innombrables visites chez des psys parce que je n’étais “pas normale”, “bizarre”, “fermée”, “dans la lune”… Mais j’étais une enfant ordinaire, peut-être un peu plus sensible que la moyenne, peut-être moins conventionnelle, sans doute un peu plus curieuse aussi. Je portais un regard un peu différent sur le monde dans lequel je vivais. Ça n’a d’ailleurs… pas trop changé.
Qu’est-ce qui cloche, chez moi ? Cette question a longtemps hanté mon esprit, surtout quand je ne m’intégrais pas à la société. Elle l’accapare encore parfois, dans mes mauvais jours. C’est pour ça qu’une piqûre de rappel de votre part nous fait le plus grand bien. L’introverti.e a besoin d’être rassuré.e : dites-lui que rien ne cloche chez lui/elle.
6. “Promis, je ne te juge pas”
Ce point rejoint un peu le précédent : cessez les jugements intempestifs, ça ne fait rien avancer. Ne prenez aucun point de comparaison pour faire réagir votre ami.e, chaque être est unique, et personne ne mérite des réprimandes concernant sa nature. De cette façon, votre ami.e sera bien plus enclin.e à s’ouvrir à vous et à sortir un peu de sa coquille. Essayez, vous verrez.
7. “Tu as besoin d’être seul.e ? Ok, je te laisse tranquille”
Pour être heureuse, une personne extravertie a besoin de s’entourer de monde : les connexions relationnelles peuvent en effet être très enrichissantes, j’en conviens. Dans le cas d’une personne introvertie, c’est exactement l’inverse : au bout d’un moment, elle a besoin de s’isoler pour revenir en pleine forme. Profiter de la solitude en rêvassant, en s’adonnant à des activités pratiques, introspectives ou culturelles lui permet de gagner de l’énergie : c’est ainsi qu’elle se sent vivre, c’est comme ça que la vie prend tout son sens pour elle. Lors d’événements sociaux, elle peut aussi quelque fois s’isoler pendant un court laps de temps, que ce soit dans la cuisine ou bien aux toilettes.
Là encore, j’en reviens à la question centrale de nos besoins personnels et de nos sources respectives d’énergie : si vous demandez à une personne introvertie de sortir 3 jours de suite, elle risque d’en avoir un peu marre. Ne lui forcez pas la main !
8. “Je ne t’appelle que si tu es disponible”
L’ultime hantise des personnes introverties, c’est bel et bien l’appels téléphonique. Je ne sais pas vous, mais moi, ça m’angoisse littéralement. Quand je reçois un appel imprévu, j’ai le sentiment que la personne qui m’appelle m’impose sa présence et son temps, alors que je n’ai strictement rien demandé et que j’étais en train de faire quelque chose au même moment. J’en parle de manière détaillée dans cet article sur la téléphonophobie, si ça vous intéresse.
À moins qu’il ne s’agisse d’une urgence, envoyez un message à votre ami.e introverti.e et attendez qu’iel soit disponible pour l’appeler. Ça lui prouvera que vous pensez à son bien-être et ça évitera de lui mettre une pression inutile.
9. “On n’est pas obligé.e.s de se faire la bise, tu sais”
En France, pour se saluer, on a cette habitude (étrange) de se faire la bise. Que les personnes saluées soient des amies, des proches ou de parfaites inconnues, il n’y a aucune différence : il faut absolument leur faire la bise sous peine d’être directement taxé.e d’incorrigible asocial.e par l’assemblée. Et franchement, entre nous, on se passerait volontiers de la bonne grosse bisette humide de tata Jacqueline à toutes les réunions de famille. Sachez que cette injonction est une vraie torture pour les introverti.e.s, alors faites-leur une fleur, dites-leur simplement bonjour, le tout accompagné d’un sourire, c’est suffisant.
Et puis, petit update de circonstance, mais vu l’actualité en ce moment, la bise semble être définitivement passée de mode. On ne s’en plaindra pas dans ce cas, n’est-ce pas ?
10. “Parle-moi de toi, je t’écoute”
Si vous souhaitez vous mettre un.e introverti.e dans la poche, c’est aussi simple que pour les autres : montrez à cette personne que vous êtes intéressé.e par elle, apprenez à la connaître, essayez de rentrer dans son univers. C’est une façon très simple de la faire parler et en prime, vous remarquerez que c’est une personne qui gagne tout à fait à être connue. Et j’imagine que vous savez très bien à quel point il est gratifiant de constater que d’autres personnes sont intéressées par ce que vous êtes. Alors faites-en autant.
11. “Prends ton temps pour répondre”
Contrairement à certaines personnes extraverties dont les mots peuvent parfois dépasser la pensée, les introverti.e.s peuvent beaucoup réfléchir avant de prendre la parole. Mais que voulez-vous, c’est leur marque de fabrique : difficile de mettre un terme à ce flot permanent de pensées, même en pleine conversation. Une pensée en entraîne deux autres, qui en entraînent elles-mêmes quatre autres, et ainsi de suite. Ça ne s’arrête jamais, et croyez-le ou non, si on en avait le pouvoir, on stopperait bien tout ça de temps en temps. Alors non ce n’est pas systématique, j’en conviens. Mais parfois, c’est le cas, alors prenez-le en compte.
Et lorsque c’est bel et bien le cas, l’introverti.e a besoin de temps pour répondre à une question qu’on lui pose, alors, ne le/la brusquez pas. Souvent, dans ma vie d’introvertie, j’ai été confrontée à des situations où je cherchais mes mots, et j’ai pu lire dans les yeux de mes interlocuteur.ice.s à quel point ça les agaçait. Leurs yeux me disaient « allez, finis vite ta phrase, allez allez allez ». Je pense à ce commercial Orange, à ce collègue de travail, à cette copine, et à cette honte que j’ai pu ressentir face à ce manque de concision ou de rapidité, lorsque mes mots n’étaient pas tout à fait à la hauteur de ce que je voulais réellement dire. J’aimerais tant que les relations sociales ne soient plus un telle perpétuelle performance et une sorte d’éternelle battle de rap. Je ne sais pas rapper.
12. “Laissez-le/la parler, ne lui coupez pas la parole !”
Dans sa réserve, une personne introvertie ne sera pas la première à prendre la parole au milieu d’un groupe, surtout lorsqu’il y a des ‘grandes gueules’ dans le lot. Et quand elle commence à prendre part à la conversation, voilà que quelqu’un tente de lui voler la vedette. Merci bien ! Si vous êtes témoin d’une telle scène, n’hésitez pas à faire taire le/la trouble-fête pour laisser votre ami.e introverti.e finir sa phrase. Personnellement, je serais ravie que quelqu’un fasse ça pour moi de temps en temps : si je ne vais presque jamais en soirée, c’est précisément pour cette raison-là, c’est très frustrant d’être toujours interrompue ou voir son intervention ignorée. Vous le prendriez comment, vous ?
13. “Ces personnes ne sont pas meilleur.e.s que toi !”
Enfin, je termine cet article avec quelque chose qui relève du vécu : être comparée à quelqu’un.e d’autre, même indirectement. Petite déjà, certain.e.s adultes de mon entourage évaluaient mes actions en fonction de celles des autres, me demandaient de “faire des efforts” parce que la fille des beaux-parents du voisin n’oserait jamais se comporter de cette façon, elle.
Ces injonctions, je les prenais tellement au sérieux que je m’en rendais malade. Je les ai entendues plus tard à l’école dans la bouche d’enseignantes, et puis, beaucoup plus tard cette fois, dans ma vie d’adulte.
Au lieu de sans cesse valoriser les autres, prenez le temps de dire à cette personne introvertie de votre entourage qu’elle est unique, parce que oui, elle l’est, et de ce fait, elle ne mérite pas que vous la compariez à quelqu’un d’autre.
Chaque personne est exceptionnelle à sa façon, il n’existe pas d’être supérieur ou inférieur, de “personne hors catégorie”, “au-dessus” de vous. Ce sont juste de normes qui vous ont été inculquées depuis votre plus jeune âge, basées sur des idées, des stéréotypes. On ne le réalise pas toujours. Comprenez-le enfin.