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15 peurs irrationnelles que les introverti.e.s vivent au quotidien et que vous ne comprendrez pas

Vous aussi, vous avez des peurs injustifiées en pleine situation sociale ? Vous aussi vous en avez parfois honte, parce que lorsque vous les admettez, on se moque de vous (gentiment, mais quand même) ? Ne vous en faites pas, moi aussi. Mais cette fois, j’ai décidé de laisser la honte au placard une bonne fois pour toutes.

Quand toutes les personnes extraverties se font un plaisir de prendre la parole en public, qu’un coup de téléphone à la banque ne semble être à leurs yeux qu’une simple formalité, quand un appel masqué ne les fait pas sursauter et qu’elles n’ont aucun mal à ne pas perdre leurs moyens lors d’un tour de table en réunion, je me demande comment elles font.

Quelle est cette sorcellerie ? 

Je m’interroge réellement sur l’étendue du lâcher prise de la plupart des extraverti.e.s, sur leur aptitude à prendre du recul, à garder leur calme dans toutes les situations possibles. Et je suis aussi un peu admirative parce que c’est fort quand même, tout ça.

Et puis mince, ça me gonfle aussi parfois. Je gueule un peu, je me dis que c’est simple quand on est né.e avec un bagou naturel, que ça aide, que c’est un peu le cheat code ultime pour avoir une vie épanouissante, tout ça sans même connaître le passé ni les expériences de qui que ce soit. J’envie leur confiance en eux, elles, en les autres, en la vie, en l’avenir, j’envie leur aptitude à se moquer de tout, à oser, à demander un service, le tout sans m’interroger sur le temps que ça leur a pris pour en arriver là. Le tout sans creuser plus profondément. Hé oui, car ça marche dans les deux sens, moi aussi je m’avoue parfois coupable de certains préjugés, je suis seulement humaine, après tout.

Il faut tout de même reconnaître que certain.e.s ont plus de facilités que d’autres à s’intégrer à ce monde, à cette société, faite pour les extraverti.e.s, disons-le franchement. Parce que pour nous, introverti.e.s, de simples choses toutes bêtes du quotidien peuvent littéralement nous paralyser.

1) Un coup de téléphone pour demander une information.

Pour vous, extraverti.e.s, c’est comme expédier une lettre à la poste, ça ne vous pose aucun problème. De notre côté, si vous saviez combien d’énergie il nous faut déployer pour un simple appel tout bête à la banque… 

On prépare ce qu’on va dire, on prie pour tomber sur le répondeur et nous éviter de nous confronter à nos interlocuteur.ice.s en direct. Une vraie corvée. Contrairement à vous, on préfère largement les mails, mais ça on évite de vous le dire parce que vous faites de grands yeux quand on se laisse aller à la confidence. Il faut dire qu’un coup de téléphone nous prive de certaines infos capitales, comme l’expression de la personne avec qui ont discute, ça nous semble un peu impersonnel. Je parle de cette ‘peur’ du téléphone dans cet article, si ça vous intéresse.

2) Inviter un.e ami.e chez soi.

Inviter du monde, un jeu d’enfant ? À vrai dire, je n’en suis pas sûre. Nous, introverti.e.s, glorifions notre chez nous, pour la simple et bonne raison qu’il s’agit en quelque sorte d’une partie de notre jardin intérieur (l’autre partie se trouvant dans notre esprit).

Et, vous l’aurez compris, puisqu’il s’agit d’une part de nous, vous inviter chez nous, c’est comme se mettre à nu, dans un sens. Alors oui, on stresse un peu quand même, et ça veut dire qu’on vous apprécie vraiment si on vous laisse entrer dans notre humble demeure.

3) Aller à une soirée, et pas forcément à un truc formel.

Pourquoi on annule à chaque fois tous les plans du week-end, à votre avis ? C’est parce qu’on calcule d’avance tout ce qui va se passer, et qui se passe toujours. 

On ressort à chaque fois ce bingo mental d’une soirée lambda qu’on s’est constitué et on sait d’avance que certaines situations vont nous gêner (les élans d’affection), nous frustrer (les autres qui nous coupent la parole), nous énerver (les gens et leurs faux-self qui en font des caisses pour être le centre de l’attention), nous ennuyer (le seul pote de la soirée qui disparaît sans laisser de traces, nous laissant seul.e sur ce canap’). Même si c’est une soirée sans prétention, on les connaît, les stimuli. On SAIT.

4) Participer à un tour de table improvisé.

Pourquoi j’avais tant horreur des tours de table de dernière minute lorsque je travaillais à l’extérieur ? Tout simplement parce qu’en règle générale, comme beaucoup d’introverti.e.s, je contrôle minutieusement mes prises de parole en public.

Dans le cas d’un tour de table décidé au dernier moment, on a très peu de temps pour préparer son intervention. Cela signifie qu’on doit… improviser. Notre peur de dire n’importe quoi, de perdre nos moyens et de paraître bizarre est si forte qu’on redoute ce moment par-dessus tout. 

C’est réellement une sensation désagréable, qui a des répercussions directes sur mon état physique dans mon cas. 

5) Répondre à un appel inconnu/masqué.

Seul.e.s les introverti.e.s peuvent vous parler en connaissance de cause de ce sursaut de peur qui nous prend au dépourvu quand le téléphone sonne et qu’on constate que le numéro est inconnu, ou, pire encore, qu’il est masqué. “Bah pourquoi tu décroches pas ?” allez-vous nous dire à chaque fois. 

Hé bien, parce qu’on ne veut pas et qu’on ne peut pas. Oui, les deux. On n’a pas le temps,  on n’a pas l’envie. C’est comme si on devait mettre pause sur tout pour se consacrer à UNE personne. Laissez un message et on vous rappellera.

6) Aller voir une. hôtes.se d’accueil pour signaler une erreur.

Vous sortez du magasin et en regardant le ticket de caisse, vous remarquez qu’il y a une erreur de 20 euros sur votre facture. 20 euros, ce n’est quand même pas rien, alors c’est tout naturellement que vous retournez dans la boutique et demandez à l’employé.e de vous faire rembourser.

Pour une raison qui m’échappe, cette situation m’angoisse. Sans doute la peur de me confronter à un.e professionnel.le qui ne veut rien entendre et m’exposer au conflit malgré l’erreur manifeste. Alors que la plupart du temps, la personne en question se confond en excuses et nous rembourse, tout simplement.

7) Quand on nous arrête pour nous demander le chemin dans la rue.

Pour les autres, c’est une simple anecdote de rien du tout : une personne vous demande le chemin, vous lui indiquez ça avec un grand sourire, vous ajoutez que vous connaissez deux-trois raccourcis et puis basta. Trop simple, hein ? Dans notre cas, chaque interaction sociale, quelle qu’elle soit, nécessite une préparation. 

Quand une personne nous accoste dans la rue, on ne s’y attend pas, tous nos sens sont en éveil, on ne peut rien prévoir. Mention spéciale pour les touristes étranger.e.s qui nous posent la question en anglais. L’angoisse ultime. On a les phrases toutes faites dans notre esprit, mais pour les sortir, c’est plus difficile (même en français, alors…).

8) Se présenter en public.

Pourquoi toujours vouloir organiser ces sempiternelles séances de présentation individuelles au beau milieu d’une assemblée pour tenter de « briser la glace » ? 

Si cette situation peut même gêner certain.e.s extraverti.e.s, je vous laisse imaginer l’impact émotionnel qu’elle peut avoir sur un.e introverti.e. Que dire ? Que doit-on dévoiler ? Que doit-on éviter de mentionner ? Ce n’est agréable pour personne. 

À cela, j’ajouterais qu’un quartier libre où chacun.e aurait la liberté de discuter avec qui iel veut serait plus productif et BEAUCOUP MOINS ANGOISSANT. Quand on sait à quel point la première impression peut être importante, évitons de rendre les choses plus gênantes qu’elles ne le sont déjà.

9) Quand on est le centre de l’attention, que tout le monde nous regarde.

Quelqu’un vous pose une question, toutes les têtes se tournent. Vous y répondez. Naturellement. C’est aussi simple que ça. Vous êtes même sans doute très content.e que tout le monde vous remarque, c’est souvent votre moteur, le contact. 

Nous, introverti.e.s, on flippe quand 15 paires d’yeux se tournent vers nous alors qu’on ne s’y attendait pas du tout. Souvenir d’amphi. Vous savez peut-être de quoi je parle. Il s’agit aussi dans mon cas d’anxiété sociale, qui revient à la surface suite à quelques traumatismes passés.

10) Recevoir un compliment devant une assemblée.

Le complément bonus du point neuf : les compliments. Ce n’est pas que je déteste les compliments : comme tout être humain, je suis flattée et ravie d’avoir une image aussi positive dans l’esprit de quelqu’un d’autre. Seulement, prise au dépourvu, c’est autre chose. Encore un truc à encaisser et ressasser pendant tout le mois qui suit ! Et puis, je ne sais jamais comment je dois réagir… Montrer ses émotions, rester stoïque ?

11) Les élans d’affection en public.

Les bisous, les câlins, les mots affectueux me mettent toujours très mal à l’aise, surtout quand une assemblée est témoin de la scène et que la personne en question n’est pas un.e proche direct.e. Ça peut sembler complètement anodin et partir d’une bonne intention, mais moi, je me repasse la scène en boucle pendant des jours… Et puis, quand on me saute dessus, j’ai tendance à me figer sur place, sans savoir quoi faire de mes mains.

12) Quand les vendeur.se.s en boutiques spécialisées nous demandent si on a besoin d’aide.

“Bonjour, puis-je vous aider ?” s’empresse de vous demander la vendeuse ou le vendeur de cette parfumerie, à peine rentré.e à l’intérieur. Votre ami.e extraverti.e répond que non ou bien que oui, peu importe, rien d’intéressant, en somme. 

Mais nous, lorsque l’on se trouve face à cette situation, on est pris.e de court, et difficile de ne pas rester tranquille ensuite lorsque ledit ou ladite professionnel.le, comme les trois quarts du temps, tente de nouveau sa chance et vous parle du deuxième produit offert au bout d’un certain montant d’achat. 

En ce qui me concerne, je ne peux plus faire un pas dans certaines boutiques sans regarder autour de moi, l’air préoccupé. Je ne me sens pas libre d’aller dans les allées, car je me sens avant tout observée. Au bout d’un moment, je n’arrive même plus à me concentrer sur les produits des rayons. Alors je n’y mets plus les pieds et je commande sur le site…

13) Se lâcher en public (alors qu’on en meurt d’envie).

Vous voir danser, chanter (faux) pendant les soirées karaoké, gesticuler de façon plus ou moins ridicule, faire des blagues avec de grands gestes… tout cela semble être autant de choses si simples et naturelles pour vous, extraverti.e.s. 

Cette spontanéité, on vous l’envie beaucoup, parce qu’au fond, on est dans le même état d’esprit. Cette capacité de se lâcher est beaucoup plus difficile pour nous, qui contrôlons tous nos gestes et les émotions que l’on décide d’extérioriser (ou pas). Voilà pourquoi nous, on n’y arrive pas, si jamais vous vous posiez la question. On a besoin d’un cadre, et de se sentir pleinement en confiance.

14) Aller parler de nous-mêmes à une personne inconnue pour faire connaissance en soirée.

L’introverti.e ne prendra jamais l’initiative de soi-même pour aller discuter avec un.e parfait.e inconnu.e. Si pour certain.e.s, ça fait partie du jeu en soirée, pour nous, c’est une autre paire de manches, même si on meurt d’envie de faire connaissance avec certaines personnes que l’on trouve intéressantes au premier abord. On a besoin de temps pour nous ouvrir, c’est notre manière naturelle de fonctionner.

15) Prendre part à une conversation en règle générale.

Quand une conversation devient intéressante, il est tout à fait naturel d’y prendre part, surtout si on se sent directement concerné.e par les questions abordées et qu’on pourrait raconter des histoires liées à notre expérience personnelle. 

Pour nous, cet exercice est un peu plus difficile, simplement parce qu’on est dans le calcul constant : comment se greffer à la conversation, par quoi commencer ? Une longue réflexion qui retarde l’intervention : au moment de passer à l’action, le sujet a souvent déjà changé…