Vous êtes la recherche d’un nouvel emploi ? Vous craignez les entretiens d’embauche car vous êtes introverti.e ? Pas de panique, voici quelques conseils qui vont je l’espère vous aider à passer ce cap en toute sérénité.
L’étape de la recherche d’emploi n’est jamais la plus facile. Chronophage et épuisante, elle implique une recherche active et… un premier contact en face à face, via un entretien. Se présenter devant une personne parfaitement inconnue qui doit vraisemblablement vous juger n’est pas un moment très agréable, surtout si vous êtes introverti.e comme moi. Et puis, vu le contexte actuel, la pression pour retrouver du travail est à son comble. Si vous êtes dans cette situation, je compatis totalement.
Alors, comment maîtriser l’art de l’entretien d’embauche ? Comment se comporter, comment se vendre pour obtenir ce nouveau job ? Que faut-il dire, quel gestes doit-on adopter pour convaincre cette personne en face de vous que vous êtes le/la candidat.e idéal.e ?
Je ne peux pas vraiment vous apporter de réponses ou de solution miracle à ces questions-là puisque chaque situation est différente et je ne connais pas la recette de l’employé.e parfait.e. D’ailleurs, qu’est-ce que cela signifie ? Pas grand chose !
En revanche, je peux vous aider à évacuer votre stress et aborder cette perspective plutôt angoissante en toute tranquillité : c’est peut-être ici que se trouve la clé d’un entretien réussi, finalement.
1. Dans un premier temps, avant de commencer quoi que ce soit, dites-vous que ce n’est qu’une rencontre qui n’engage personne… à rien.
Commençons par ce point très important : souvenez-vous qu’au cours d’un entretien d’embauche, personne n’est en position de force. Qu’importe l’issue, que vous ayez le travail ou pas, ce n’est pas dramatique. Vous avez peut-être besoin de cet emploi, mais en face de vous, votre recruteur.se a aussi besoin de faire appel à vos compétences.
Je crois qu’il est important de se rendre à un entretien tout en ayant conscience de cet élément-là : on peut avoir très envie de travailler au sein de cette société, on peut partir du principe que ce poste est tout ce dont nous avons rêvé, mais même s’il y a d’autres candidat.e.s dans le lot, à mon sens, voir ça comme un concours ou une performance peut être à double tranchant. Personnellement, me plonger dans une dynamique compétitive me dessert beaucoup à chaque fois : trop crispée, je ne donne jamais le meilleur de moi-même car je suis paralysée par le stress.
Et toute la qualité de cet échange peut se jouer sur peu de choses. Peut-être que ça ne se passera pas comme vous l’aviez imaginé, peut-être que le/la recruteur.se et vous n’aurez pas eu LA connexion. Et s’il n’y a pas de connexion, ce n’est de la faute de personne, c’est ainsi, c’est tout.
Des entretiens, vous en aurez probablement d’autres dans votre vie, il ne s’agit pas de la seule entreprise qui recherche des candidat.e.s, et si ça ne se fait pas, c’est que ça ne devait pas se faire. Pas de regrets à avoir, vous ne pouvez qu’aller de l’avant.
2. Ne vous blâmez pas tout de suite si vous ne ressentez pas de connexion ou que quelque chose sonne faux.
Ce deuxième point me rappelle le pire entretien de ma vie : mon job de l’époque m’ennuyait beaucoup, du coup j’avais postulé dans une grosse boîte d’audiovisuel sans me douter que j’allais me retrouver en face d’une personne qui allait essayer de me piéger avec des questions qui sortaient de mon domaine de compétences… Je crois que sa volonté principale était de m’intimider et de me pousser dans mes derniers retranchements. Ça a fonctionné, puisque j’ai perdu tous mes moyens. Les larmes m’étaient montées aux yeux à la sortie, je suis très sensible à ce type de traitement et ça n’a pas loupé. Je ne vous raconte pas le nombre de fois que je me suis refait l’entretien dans ma tête et toute la honte que j’ai pu ressentir, alors que ce n’était pas de ma faute, en réalité. Ce que je voyais comme un “échec cuisant” trottait dans ma tête sans que je sache comment aller de l’avant.
Résultat des courses : beaucoup de ressassement, de prise de tête et d’énergie perdue pour littéralement rien du tout. En fait, il n’y a juste pas eu de connexion et la personne qui me faisait passer l’entretien avait manifestement besoin de se prouver à elle-même quelque chose. Tant mieux pour elle si ça a fonctionné.
Si vous sentez que ça ne se passe pas comme prévu ou que quelque chose vous échappe, ce n’est pas nécessairement de votre faute, c’est peut-être aussi ou intégralement celle de votre hypothétique collaborateur.ice, dont le rôle est justement de vous METTRE À L’AISE, ne l’oubliez pas.
Mais surtout, ces rencontres-là ne doivent pas être un frein à votre motivation ou un motif pour vous discréditer : il est important de prendre conscience de votre véritable valeur. La personne en face de vous doit aussi vous mériter, ne l’oubliez jamais. Vous avez des compétences, des talents, des projets passionnants qui germent dans votre tête et beaucoup de qualités qui plairont, j’en suis sûre, à d’autres recruteur.se.s. Ne rejetez pas toute la responsabilité de cet échange sur vous. Un entretien, ça se fait entre la société et vous.
Et puis, entre nous, auriez-vous envie de travailler avec ce genre de personne, de toute façon ? Vous connaissez la réponse tout au fond de vous. Le poste peut vous faire rêver, mais si vous êtes quelqu’un de sensible, un environnement pesant peut vous couper toute envie de vous surpasser.
3. Trouvez du temps pour être seul.e avant d’y aller.
Si comme moi vous êtes sujet.te à l’anxiété, je vous recommande personnellement de vous isoler un peu avant de vous rendre à l’entretien au lieu de vous entourer de monde, par exemple. Être avec quelqu’un d’autre peut potentiellement vous faire stresser davantage et ce qui est bien quand vous êtes seul.e, c’est que vous avez la possibilité de faire le vide en vous.
Tous les moyens sont bons pour tenter (du moins) de ne penser à rien du tout. Prenez le temps pour souffler, écoutez de la musique, lisez un truc qui n’a aucun rapport avec votre entretien ou plongez-vous dans une activité qui vous permet de vous concentrer uniquement sur celle-ci.
Dans mon cas, tout passe par le son : quand je suis sur le point de faire quelque chose qui me stresse, j’écoute de la musique et j’essaie de me concentrer un maximum sur elle. Je privilégie des sons instrumentaux comme l’ambient ou la musique classique. Sinon, je me mets une vidéo ASMR pour essayer de réduire mon rythme cardiaque et mieux respirer. Si vous êtes concerné.e par la spasmophilie, ça peut vraiment fonctionner.
Maintenant, je sais que chaque personne a ses propres rituels avant de passer à l’action. Peut-être que vous aurez besoin d’accompagnement, de soutien verbalisé, de monde autour de vous. C’est vous qui voyez, ce qui s’applique à moi ne s’applique pas forcément à vous !
4. Ne préparez (presque) rien, ça va davantage vous angoisser.
Je sais que la tentation de travailler à fond votre entretien au préalable est grande. Pourtant, c’est quelque chose que je vous déconseille, globalement. Bien entendu, vous pouvez réfléchir à des réponses génériques aux questions basiques qui vous seront posées. Mais ne faites pas du par coeur. C’est comme pour les exposés oraux à l’école : plus on note tout, plus on pense à chaque petit détail, plus le rendu manquera d’authenticité et de naturel. Ici c’est pareil, essayez de ne pas trop préparer des réponses toutes faites pour les réciter.
Si vous calculez tout, vous risquez de vous freiner et de ne pas sembler sincère dans votre démarche, de rendre le tout très mécanique : si le recruteur sort de votre scénario, vous allez vous bloquer et bonjour la panique. Personne ne veut assister à ça, surtout pas vous. Je parle de ça en connaissance de cause. Travailler mes entretiens, ça ne m’a jamais vraiment réussi, je dois l’admettre. Alors autant y aller comme on est, on verra la suite.
Ce que vous pouvez faire, c’est à la rigueur imprimer votre CV, mais c’est tout, c’est aussi un moyen d’avoir un pense-bête avec soi, et le CV remplit parfaitement cette tâche pour éviter un éventuel blanc.
5. Restez totalement vous-même, n’essayez pas de porter un masque à tout prix.
Votre introversion fait de vous une personne authentique : vous ne savez pas porter un masque, même si vous essayez. Comme je l’ai dit au-dessus, rien ne sert de jouer un rôle. Vous n’avez rien à perdre et tout à gagner dans cet entretien, et être quelqu’un d’autre ne peut que vous desservir dans cet exercice qui n’est déjà pas évident. Agissez comme vous le feriez face à un moment ordinaire quotidien en compagnie d’une personne que vous connaissez. Ce n’est qu’un entretien, ce n’est rien de grave, votre vie ne se joue pas ici, et elle continuera quoi qu’il arrive.
Dites-vous simplement que si vous n’êtes pas au top de votre forme et que vous ne manifestez pas pleinement votre potentiel à l’instant T, quelle que soit la raison, vous ne perdez rien en cas de refus ou de ghosting. Personnellement, je vois la vie professionnelle comme une extension de ce que je suis vraiment : il y a des jours où je serai au top, d’autres où je serai un peu moins dedans, et c’est parfaitement normal, car personne ne peut se vanter d’aller toujours parfaitement bien et de péter la forme 365 jours par an. Et si on vous assure le contraire, ce n’est pas vrai : la yes life de certain.e.s, c’est surtout de la mise en scène.
Et puis, votre franchise et votre naturel peuvent être vos meilleurs atouts, n’oubliez pas.
6. Dans l’incertitude, calquez-vous sur le ton de votre interlocuteur.ice.
Parfois, les introverti.e.s semblent ennuyé.e.s et manquer de dynamisme ou d’enthousiasme d’un point de vue extérieur, à tort, j’en conviens ! Mais on connaît les stéréotypes et les étiquettes, depuis le temps. Vous le savez sans doute. Si vous redoutez de paraître peu intéressé.e, n’hésitez pas à prendre le même ton que la personne qui vous pose des questions.
Elle est froide et formelle ? Soyez-le, répondez aux questions poliment sans en faire plus, ça suffira. Elle est joviale et gentille ? C’est le meilleur moyen de montrer qui vous êtes réellement et d’imposer votre personnalité : la personne en face de vous doit certainement être plus ouverte d’esprit que la moyenne, alors vous pouvez y aller. N’hésitez pas à sourire et à répondre positivement à ses remarques et à ses attentions, vous savez qu’elle ne vous veut aucun mal. Elle est méprisante ? Ne vous embêtez pas plus, vous n’obtiendrez rien de positif suite à cet entretien. Partez vite et envoyez votre CV ailleurs, ça vaudra mieux, je vous l’assure.
7. Préparez-vous à faire du “small talk”, c’est inévitable dans le milieu professionnel.
Désolée de vous décevoir, mais s’échanger des banalités est une sorte de rituel social, surtout dans le milieu professionnel. Malheureusement, on finit toujours par avoir l’une de ces conversations superficielles et très impersonnelles dans l’ascenseur.
On vous demandera où vous habitez, si ce n’est pas trop loin, si le bureau n’a pas été trop compliqué à trouver, si ça n’a pas été trop embêtant de venir par cette pluie… Vous voyez le truc.
Alors oui, attendez-vous à être un peu obligé.e de faire l’état de la météo, d’évoquer la dernière info tombée sur Twitter ce matin ou de dire quel métro vous avez dû prendre pour venir jusqu’ici. Préparez-vous à broder, mais encore une fois, vous n’avez pas besoin de beaucoup de neurones pour y parvenir, c’est juste un moment pénible à passer. Préparez-vous psychologiquement à ça, c’est tout.
Et puis, n’hésitez pas à prendre sur vous pour essayer de faire dériver ces sujets chips vers quelque chose de plus intéressant. Posez des questions, évoquez quelques éléments de votre expérience personnelle pour engager la conversation, ça vient naturellement la plupart du temps et vous remarquerez que de cette manière, vous pourrez très vite sortir de ce cadre très formel qu’est le recrutement. Et franchement, ça fait du bien de s’en détacher et d’être juste… humain.e.s.
8. N’hésitez pas à faire savoir à votre interlocuteur.ice que vous êtes d’une nature introvertie.
Si seulement j’avais su à l’époque où j’enchainais les entretiens que ça pouvait désamorcer toute rencontre, même les plus compliquées ! Si vous êtes vraiment stressé.e, dire que vous êtes introverti.e peut vous aider à relativiser et aider votre interlocuteur.ice à adapter son approche et son comportement à votre égard (dans le cas où cette personne est ouverte et réceptive). C’est aussi un moyen direct d’apprendre à vous connaître en peu de temps et un gage de sincérité, tout le monde ne dira pas « hey, au fait, je suis introverti.e ! » car c’est pour beaucoup quelque chose qui relève du personnel.
Les bons recruteur.ice.s devraient vous comprendre et vous mettre rapidement en confiance, et si d’autres ne le font pas… hé bien écoutez, si ça ne leur convient pas, votre vie ne s’arrête pas à cet entretien, encore une fois. J’insiste dessus, mais c’est la vérité. N’ayez aucune honte d’avoir essayé d’être franc.he.
Je sais que beaucoup de personnes ont déjà un jour été discriminées à cause de leur introversion, certaines ont été mises à la parte, d’autres ont été devancées par des personnes qui ont une plus grande gueule – à compétences égales, voire inférieures – et c’est terriblement injuste.
9. Faire un petit exercice d’introspection avant d’y aller.
Peur de ne pas savoir quoi dire à votre sujet ? Cet exercice, inspiré de l’Ikigaï, terme japonais qui symbolise la raison de vivre, peut vous aider. Sur un carnet, notez, page après page, toutes ces choses qui vous font plaisir, que vous aimez faire, les domaines dans lesquels vous êtes doué.e (il y en a FORCÉMENT). Ensuite, continuez en notant ce que vous aimiez faire plus jeune, ce que vous aimez faire aujourd’hui. Et toutes ces choses, toutes ces valeurs, qui ont du sens pour vous.
En couchant sur le papier tous ces éléments qui vous caractérisent, cela vous permet de prendre conscience de tout qui vous constitue. Vous les retiendrez, et ce sera plus simple de les dire oralement lors du rendez-vous.
L’introversion est encore globalement assez mal perçue en France, souvent désignée comme étant un défaut, ou un trouble pour certain.e.s recruteur.ice.s. Or, nos qualités en tant qu’introverti.e.s sont nombreuses et très utiles dans les entreprises, il conviendrait de les glorifier et de les considérer autant que les qualités propres à l’extraversion.
Car nous existons, notre apport est considérable et nous ne pouvons plus nous cacher ni minimiser notre implication dans le monde professionnel. Je ne le répèterai jamais assez : restez vous-même.