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10 expressions utilisées tout le temps et que j’en ai marre d’entendre

« Quand on veut on peut », « il faut souffrir pour être belle », « il faut sortir de sa zone de confort »… Il est parfois difficile d’entendre ces phrases, encore plus à la mode en ce moment. Et je vous explique pourquoi.

Il existe une multitude d’expressions que l’on entend souvent passer tout au long de notre vie. Souvent dans le but de nous remonter le moral, leur effet est pourtant culpabilisant ou tout simplement contre-productif pour beaucoup d’entre nous en réalité. Car oui, dans l’instant, on peut trouver d’autres façons de rassurer, en mettant en avant ce qui est de plus positif, par exemple, si c’est cela qui est le plus efficace. Ou bien tout simplement écouter. Et écouter vraiment.

« Quand on veut, on peut ! »

Il est facile de dire que quand on veut, on peut. Quand on est dans un bon mood et que tout va bien pour nous, oui, il peut être suffisant de le vouloir pour le pouvoir. Mais la vie n’est pas toujours si simple. La concrétisation d’un rêve ou d’un projet peut se confronter à certaines dures réalités. Des actions extérieures ou d’autres circonstances qui sont hors de notre contrôle sont susceptibles d’impacter sur notre volonté pourtant forte. Dire « quand on veut, on peut », c’est un peu comme rejeter la faute sur la personne qui a vécu un échec récent et sous-entendre qu’elle aurait manqué de détermination. Et ça, ça fait mal.

« La fin justifie les moyens »

Cette expression, je l’ai beaucoup entendue à une époque où j’évoluais dans un cercle galvanisé par le paraître. J’ai du mal à envisager ma vie comme un Rastignac, héros balzacien qui aspire à une vie faste en « montant » à Paris, qui « rampe, supporte tout » pour un Graal de feu de paille. Je suis persuadée que le succès peut se provoquer autrement qu’en choisissant un entourage juste pour son statut social et les contacts qu’il peut nous offrir. Pour moi, une rencontre ne se provoque pas, elle se fait. C’est tout. Si on ne demande pas, on n’a pas toujours, certes, mais se contenter de demander est une solution qui pour moi comporte des limites. Cela n’engage que moi, mais c’est une valeur qui m’est fondamentale : je ne suis pas prête à tout pour réussir ma vie.

« Good vibes only, pense positif ! »

Oui, la pensée positive amène souvent du positif dans notre quotidien. À l’heure actuelle, je constate que nous évoluons dans une nouvelle dynamique, celle du « positif, sinon rien ». Et même si ce mantra part d’une bonne intention, j’en suis sûre, il possède ses limites. En effet, dans notre évolution, rien n’est linéaire. Nous pouvons passer par des zones de turbulences où nous avons le sentiment que rien ne va. Et dans ces moments-là, nous pouvons ressentir le besoin de nous confier, d’échanger autour de ce mal-être. Oui, il est tout à fait sain de le dire aussi, quand ça ne va pas fort. Si on se cache toujours derrière le paravent de la pensée positive, au bout d’un moment, on implose. C’est humain. Et n’oublions pas que la sensibilisation tout autour de la santé mentale peut rassurer d’autres personnes concernées.

« Il faut souffrir pour être belle »

Pour qui ? Certainement pas pour soi-même. Il faudrait être belle pour cette société, belle pour l’autre. Mais belle, nous ne le serons jamais assez au regard de ceux qui véhiculent ces puissants standards. L’idée qu’il faudrait ramer pour s’élever dans le degré de désidérabilité est nauséabonde. En tant que femme, j’entends cette phrase depuis que je suis petite. Car être une femme, c’est aussi conscientiser dès ses premières années qu’on sera une femme, et ça implique le devoir d’être belle pour ces personnes qui voudront bien de nous, puisqu’il s’agirait de notre seule plus-value. Or, notre beauté est en nous, elle s’évalue au bonheur que nous ressentons. Vous êtes belle quand vous allez bien. Difficile de ressentir la beauté en soi lorsqu’on souffre et quand on se compare continuellement. Croyez-le ou non, mais je sais de quoi je parle après avoir tant négligé mon corps et ses besoins pendant des années.

« L’avenir appartient à ceux qui se lèvent tôt »

L’avenir appartiendrait à ceux qui se lèvent tôt, qui mangent équilibré, qui font du sport, qui réseautent, qui jouent aux échecs, qui passent l’aspirateur tous les soirs… Vraiment ? Il n’existe selon moi pas de recette miracle pour préparer un avenir en accord avec nos valeurs. Le plus important est de s’écouter et de prendre le chemin qui nous inspire le plus. Notre avenir peut parfois nous échapper, tout peut si souvent sembler flou quand on essaie d’y apporter une vision d’ensemble et de vraies solutions. Sur le chemin, il y a aussi de nombreux coups de mou car la vie n’est pas une pente montante. Que vous vous leviez tôt ou bien plus tard, l’important est de vous lever un jour. Vous ferez ce qui est dans votre pouvoir pour vous approprier ce qui vous revient. OUI, vous le pouvez.

« Qui ne dit mot consent »

C’est un raccourci dangereux qui peut justifier beaucoup de situations très complexes avec maladresse. On peut ne pas parler parce qu’on a peur, parce qu’on craint pour sa sécurité, parce qu’on on craint pour la sécurité des autres. Certaines circonstances ne nous donnent pas la possibilité d’agir tout de suite. On peut ne pas parler parce qu’on sait ce qui nous attend si nous parlons, on sait que cela peut briser notre carrière, notre paix intérieure, notre intimité, une ou plusieurs autres vies, parce qu’on peut soi-même s’exposer à un danger ou à des actes qu’on ne se sent mentalement, psychologiquement pas prêt.e à assumer. Et puis surtout, ne pas dire un mot n’est en aucun cas un aveu de consentement. Il y a consentement uniquement si celui-ci est formulé de façon claire.

« Il faut sortir de ta zone de confort ! »

Il n’est pas grave d’aimer se réfugier de temps en temps dans sa zone de confort. C’est même quelque chose de très sain. Notre zone de confort est notre cocon, c’est là où se trouve notre expérience, tout ce que nous avons acquis. Si nous n’avons plus aucune zone de confort où nous réfugier de temps en temps, le sentiment d’insécurité peut-être dur à vivre. Sortir de cette zone est toujours une bonne initiative et elle peut nous apporter beaucoup de bienfaits, mais à condition qu’elle soit faite avec notre envie… et dans le respect de notre consentement. Sortir de sa zone de confort sans le vouloir vraiment et dans le seul objectif de nous « bouger » peut être contre-productif lorsque la peur nous paralyse. En sortir tout de suite peut être une évidence… comme une immense source d’angoisse.

« On ne peut plus rien dire »

Qu’on le veuille ou non, notre société évolue, et heureusement que certaines questions fondamentales sont davantage mises en lumière. Je suis loin d’être parfaite et peux faire des erreurs, mais il me semble indispensable de respecter cette règle d’or qui articule toute ma vie ainsi que mes valeurs personnelles : ne pas faire, ne pas dire ce que je ne voudrais pas qu’on me fasse ou qu’on me dise. Respecter les limites des personnes avec qui j’interagis. M’excuser si j’ai eu des propos maladroits ou si j’ai pu potentiellement vexer quelqu’un. Accepter mes erreurs ou mon ignorance. Me taire et écouter les personnes directement exposées à certaines problématiques que je ne vis pas. Non, on ne peut pas tout dire, car notre liberté s’arrête là où commence celle des autres.

« C’est la vie, c’est comme ça… »

Au rayon de la non-information, cette expression est sans doute reine. On ne peut pas toujours trouver le mot de la fin pour justifier chaque situation, surtout parmi celles qui ne peuvent pas s’expliquer du tout. Victime d’infortune ? Tristesse infinie ? Situation tendue ? « C’est la vie, c’est comme ça, on n’a pas toujours ce que l’on veut » n’est selon moi pas une réponse valable. Et si, au comble de l’agacement, la seule perspective qui nous excitait était de crier, de nous plaindre un bon coup pour vider notre vase émotionnel si lourd à porter ? Et si maintenant, nous emmerdions la vie et sa foutue contingence ? Et si nous avions tout simplement le droit de nous révolter, dans notre absolue humanité ? Et si nous avions le droit au meilleur, et que la perspective de croire en nos rêves même quand tout semble foutu était notre unique recours ?

« C’est comme ça depuis toujours, on peut rien faire »

Ce n’est pas sous prétexte que les choses sont telles qu’elles sont qu’elles demeurent acceptables et que l’ordre établi ne peut être bousculé. Il n’existe rien de permanent au sein de notre société. Celle-ci est en constante évolution et il est des modes de fonctionnement au sein de nos institutions, au cœur même de notre système, qui sont à revoir. Je comprends parfaitement que l’on ne se sente pas prêt.e à agir car cela demande un effort physique et psychologique énorme. Cela dit, il me semble dommage de dissuader celles et ceux qui ressentent un besoin évident, naturel et puissant d’agir. Il n’y a selon moi pas de cause perdue. Au contraire… Et ces personnes sont remarquables. Les efforts liés à leurs combats portent chaque jour leurs fruits, même son ne mesure pas toujours leur impact sur le moment.