Prendre conscience de son hypersensibilité implique de grands bouleversements intérieurs. Mais ce sont ces mêmes bouleversements qui mènent vers un déclic nécessaire, ce qui changera le reste de votre vie.
En ce qui concerne ma sensibilité, je me rends compte du chemin parcouru seulement aujourd’hui. En l’espace de deux ans, je suis devenue celle que j’ai toujours été au fond de moi, mais dont j’ignorais pourtant tout. On me dit souvent que c’est la maturité et un recul qui survient vers la fin de la vingtaine, mais je crois surtout que ce qui m’a sauvé, ce sont les représentations et tous les contenus de qualité que je lis ici ou à travers des livres. Merci internet d’exister. Merci vous. Merci aux créateur.ice.s de contenus.
Je sais à quel point Instagram peut flinguer notre santé et notre estime de nous. Je me suis moi-même profondément détestée à cause de ce réseau social et ça a été dur de remonter la pente et déshabituer mon cerveau des corps parfaits et du « tout parfait ». Pourtant, comme tout outil, il y a aussi du très bon qu’on peut prendre, et c’est aussi à travers ce biais que l’on peut apprendre à déconstruire toutes ces idées reçues qui nous font du mal.
Et vous, qu’est-ce qui a changé dans votre vie quand vous avez compris qui vous étiez ?
1 – Je sais ce que je ressens, ça me donne de la force.
Il faut bien reconnaître un avantage à mon hypersensibilité : elle me permet d’avoir une extrême conscience de ce que je ressens. Cette lucidité émotionnelle sonne comme une évidence que je traîne partout avec moi. C’est tantôt un fardeau, tantôt un bienfait en fonction de la situation vécue. Dans tous les cas, un éventuel déni ne dure qu’un temps et j’ouvre bien assez tôt les yeux quand il est question de mettre des mots sur des émotions dont je n’ai pas le contrôle. Maintenant que je sais ça, j’arrive à vite identifier l’émotion qui fait coincer le mécanisme et à agir en conséquence. Le tout sans trop culpabiliser.
2 – Je sais ce que ressentent les autres, pratique pour aider.
Je ne prétends pas avoir réponse à tout, mais je crois le sentir quand quelque chose cloche. Ce sont des évidences qui viennent d’une propension à absorber les émotions des autres. L’avantage, même si cela prend de l’énergie, c’est que l’on peut cerner la source du problème et ainsi trouver les mots pour aider celles et ceux qui en ont besoin. Je sais aussi qu’aider ne signifie pas nécessairement trouver des solutions tout de suite. Aider, parfois, c’est juste… être présent.e. Et puis, bien cerner sa sensibilité permet de comprendre comment naît une émotion qui nous écrase et comment la canaliser. Tu souffres, et je sais comment tu souffres.
3 – J’apprends à ne plus avoir besoin de la validation des autres.
Celles et ceux qui me connaissent savent que cette affirmation n’a pas toujours été vraie et que j’ai toujours ressenti un besoin de validation de la part de mes pairs, même de celles et ceux qui ne me faisaient rien ressentir. Je tentais toujours de me justifier, car je ne voulais pas que l’on me voit autrement que celle que j’étais vraiment. Maintenant, au fur et à mesure que je grandis, je commence à comprendre à peu près qui je suis. Et avoir conscience de mes particularités, de mon introversion, de mon extrême sensibilité, mène à l’acceptation. Je sais où se trouve la vérité et si certaines personnes refusent d’écouter, je ne prends plus le temps de débattre sur le sujet.
4 – J’ai compris mes qualités et quels aspects je dois travailler.
Prendre conscience de son hypersensibilité, c’est aussi visualiser nos failles qui nous empêchent d’avancer. Je sais par exemple que je serai toujours quelqu’un de plus anxieux que la moyenne et que malgré le travail que je fournis pour me libérer, les ombres de mes peurs se remarquent au loin quand je n’ai plus le contrôle sur rien. Mais, il y a aussi… tout ça, tout ce qui me rend heureuse en tant qu’hypersensible. Mes interrogations qui me poussent à aller plus loin dans mes élans créatifs. Mon empathie qui me permet de soutenir les autres. Ma sensibilité artistique qui m’apporte le privilège de contempler la beauté d’un monde intérieur dont je suis la seule à avoir le droit de goûter. Mon imagination qui m’aide à ne jamais me fixer de réelles limites dans la réalisation de mes projets.
5 – Je lis et me nourris de représentations.
Je peux vous dire maintenant que ce qui a été le plus impactant dans l’acceptation de mon hypersensibilité, ce sont mes lectures. Ce sont elles qui m’ont aidé à créer mon armure et (re)trouver cette force qui vit en moi depuis toujours. L’étape de la prise de conscience est sans doute la plus délicate et la plus brutale, parce qu’elle implique une remise en question de tout ce que l’on a appris, mais au bout du tunnel vient le déclic. Une fois que celui-ci retentit dans nos oreilles, notre vision du monde n’est plus jamais la même. Le poids sur les épaules n’est plus aussi lourd, ce reflet que l’on évitait si souvent, nous le regardons enfin, d’abord avec curiosité, puis ensuite avec une certaine fierté. Les représentations se multiplient dans les médias et sur les réseaux sociaux, et ça fait un bien énorme.
6 – Je me rends justice, je me défends mieux.
Il y a cette chose magique qui se produit depuis quelque temps. Je me défends. Je dis ce que je pense quand je me sens blessée par des mots ou par une situation que je trouve injuste. Je pense ne pas être la seule à avoir essuyé des remarques tout au long de ma vie au sujet de ma particularité. « Tu en fais trop« , « tu te prends trop la tête« , « arrête de stresser » ne sont pas des phrases qui nous aident à nous sortir de cet état momentané. Je considère que si je ne fais de mal à personne, j’ai le droit de dire ce que je ressens. Quand on ne le comprend pas, difficile de se représenter ce que cela fait d’avoir des émotions qui débordent. Si je pouvais avancer plus sereinement en appuyant sur un bouton, je le ferais et plutôt deux fois qu’une. J’essaie d’expliquer tout ça aux autres dans un but pédagogique, mais aussi pour me défaire du poids de la culpabilité accumulé pendant des années.
7 – Je réalise que je ne suis plus toute seule.
Il est compliqué d’accepter l’être que nous sommes vraiment quand le monde entier nous implore de « faire des efforts » pour correspondre au fameux moule. C’est quand les autres s’expriment enfin sur le sujet après l’avoir si souvent caché, qu’on réalise que finalement, nous ne sommes pas seul.e.s, et que notre façon de fonctionner est légitime. Nous avons besoin de voix et de représentations, de personnes qui osent dire tout haut que oui, intérieurement, on a parfois envie de hurler, et que non, définitivement, tout n’est pas parfait. Nous avons besoin de ces voix authentiques qui nous montrent autre chose que des réalités édulcorées. Et c’est pour cette raison que je vous incite à parler autour de vous, parce que, sans le savoir, vous pouvez changer des vies. Soyez cette voix qui rassure, cette bougie qui allume d’autres bougies. Ces représentations mettent en lumière une chose essentielle : la santé mentale compte. Soyez fièr.e.s de votre hypersensibilité.