Pour des cours plus épanouissants, plus engageants, et des relations profs-élèves plus agréables.
Comment adapter au mieux un cours en fonction des différences de fonctionnement de chacun.e ? Suite à la demande d’une enseignante en langues sur Instagram il y a quelques mois, à l’occasion de la rentrée, je me suis penchée sur le sujet et vous ai demandé ce que vous en pensiez. Ce post s’inscrit dans la continuer du premier, dédié à aux problématiques que l’on retrouve au sein de l’Éducation Nationale, qui stigmatise les personnes timides et introverties au lieu de les encourager à faire de leurs particularités des forces.
Ce article, je l’ai d’abord posté en format Instagram, mais je pense qu’il est aussi important de le mettre en valeur par ici, sur ce blog.
À l’époque, vous avez été nombreux.ses à répondre à ces questions. Vos réponses ont été toutes passionnantes, et pour tout ça je vous remercie. J’ai donc décidé de condenser toutes ces discussions enrichissantes ici. J’espère que ça vous plaira.
Petite remarque, tout de même.
J’ai eu des retours très bienveillants de plusieurs enseignant.e.s me disant qu’il était difficile de mettre certains points en application, dans la mesure où l’Éducation Nationale imposait certaines manières de fonctionner (dont l’accent mis sur la participation orale). Bref, le système n’est pas forcément enclin à écouter ces suggestions à l’instant T. Ce n’est pas systématiquement de la faute du corps enseignant, mais de toute une institution. Un.e prof, aussi pédagogue et passionné.e par son métier soit-il/elle, doit se plier à certaines règles, acquises dès sa formation.
En revanche, je mets quand même cet article en ligne pour espérer être lue, et même si nous ne pouvons pas vivre dans un monde parfait, on peut au moins le rendre un peu plus vivable en se réappropriant des valeurs simples telles que le respect ou le consentement.
On peut modifier les choses à notre façon, en étant plus humain.e.s. Ici je voudrais déconstruire, interroger, et faire naitre l’envie d’un renouveau. C’est ma petite bouteille à la mer à moi.
1 – Former des petits groupes pour les oraux.
En petit comité, on est tout de suite plus engagé.e à participer. Qu’il s’agisse d’ateliers débats ou de projets créatifs, ça renforce l’esprit d’équipe et ça détend tout le monde !
2 – Des oraux en solo pour déterminer la note de participation orale.
On organise des passages notés en solo par trimestre sur un thème donné pour faire le point sur l’expression orale devant l’enseignant.e.
3 – La technique de l’enregistrement audio, le cas échéant.
L’élève s’enregistre et a le temps de préparer son sujet au calme, sans pression, sans stress. Une façon de mettre en valeur son niveau global.
4 – Vers un ‘safe space’ : normaliser l’erreur, car elle est humaine.
C’est ok de se tromper, on est là pour apprendre. Dédramatisons la mauvaise réponse : ce n’est pas grave de ne pas savoir, chacun.e son rythme !
5 – Féliciter l’élève à la moindre prise de risque : le/la mettre en avant.
Une manière de lui faire remarquer qu’on le/la considère en tant qu’humain.e., quel que soit son niveau. Et un compliment fait tant de bien, comme je vous en parle ici.
6 – Garder à l’esprit que chaque élève est différent.e.
Certaines personnes mettront plus de temps pour assimiler les points essentiels du cours. Cela ne fait pas d’elles des personnes moins intelligentes.
7 – Sensibiliser aux différences de fonctionnement !
Parler d’introversion, de timidité, des personnalités atypiques positivement va aider les plus jeunes à accepter les différentes manières de fonctionner d’un.e humain.e.s à un.e autre.
8 – Essayer de discuter en privé avec l’élève pour briser la glace.
Dans toute relation, la communication est primordiale. Pour un.e élève introverti.e, se sentir compris.e et soutenu.e peut l’aider à s’ouvrir.
9 – Déculpabiliser la timidité, l’introversion, l’hypersensibilité !
C’est ok d’avoir peur. C’est ok d’avoir une batterie sociale plus faible que la moyenne. C’est ok d’être sensible. Il peut même s’agir de grandes forces !
10 – Ne jamais forcer qui que ce soit à quoi que ce soit…
Un passage au tableau peut être traumatisant en fonction de la sensibilité de l’élève. Cela ne devrait pas être obligatoire. La règle du consentement s’applique aussi ici, chacun.e sort de sa zone de confort quand il, elle le peut.
11 – Lui parler vraiment, adapter le programme avec ce qu’iel aime.
Parler de ce que l’on aime et nous anime est plus engageant. Quand on parle de ses passions, on dévoile une part de soi… Et on finit par s’ouvrir ! Et c’est valorisant, surtout pour les plus jeunes.
12 – Pas de remarques humiliantes, pas de moqueries.
Rien de pire que d’être traité.e de plante verte ou de l’homme, la femme invisible. Tout le monde cultive quelque chose de beau en soi !
13 – Intégrer que la perfection n’existe pas (et c’est tant mieux) !
Non, on ne peut pas être parfait.e partout, contrairement à ce que la société veut nous faire croire. Valorisons et dédramatisons l’imperfection, les failles, les coups de mou : tout ça est légitime.
14 – Laisser à l’élève le temps de réfléchir à la question
Certaines personnes sont plus cérébrales que d’autres et ont besoin de temps pour réfléchir aux questions, développer tout ça dans leur tête.
15 – Pas de favoritisme dans le groupe.
Ce n’est pas parce que des personnes sont plus à l’aise à l’oral qu’il faut les valoriser. Et le favoritisme peut créer une baisse d’estime de soi.
16 – Ne pas dire les résultats à voix haute.
Ou pire encore, d’ajouter à ça les fameux rendus de copies par note, de 0 à 20… Les résultats d’une personne ne regardent qu’elle.
17 – Rendre de temps en temps le cours un peu plus « ludique »…
…Vers la réhabilitation des jeux de rôle ! Se mettre dans la peau de quelqu’un.e d’autre peut débloquer certaines insécurités : on s’oublie soi.
18 – Créer un dialogue prof-élève, relatif au cours.
Interroger sur le cours en général permet de sortir un peu du cadre et créer une discussion entre deux humain.e.s, pas juste entre un.e prof et un.e élève.
19 – Mettre en valeur les qualités de l’élève.
Des qualités, tout le monde en a. Et si cerner cet élève est compliqué, essayer de comprendre ce qui le/la rendrait plus à l’aise pour mettre au mieux en lumière ses qualités.
20 – Apprendre à utiliser davantage le langage non-verbal.
Un petit signe de tête encourageant et bienveillant, un sourire, toutes ces choses simples peuvent paraître anodines : ce n’est pas le cas.
21 – Soigner les appréciations sur le bulletin scolaire.
Même si l’élève a des difficultés, ne pas partir sur des appréciations qui peuvent être blessantes, toujours partir sur une base positive.
La liste est non-exhaustive.
Ce texte a été écrit à partir des suggestions reçues par la communauté du Gang. Il n’est pas définitif, il n’est pas gravé dans le marbre.
On ne peut pas changer une institution en un clin d’oeil, mais on peut penser à ces quelques axes d’amélioration pour un environnement plus agréable, dans un souci d’équité, de respect mutuel et de renouveau, pour que chaque personne puisse se sentir bien.